Le mort qui téléphonait by Serge Archua

Auteur:Serge Archua [Archua, Serge]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Edilivre
Publié: 2017-06-19T22:00:00+00:00

15

Toute la semaine, Sébastien suivit avec gourmandise l’inquiétude de Sonia qui, au fil des jours, évolua en véritable panique. Après la mort de Lepage, et avant l’estocade finale, il tenait là le deuxième volet de sa vengeance, celui que lui auraient volé les phares du quatre-quatre s’ils ne s’étaient éteints au bout de quelques minutes, retardant ainsi la découverte du véhicule. Plus tard, si les flics pataugeaient, il serait toujours temps de le faire resurgir, cet engin, pour relancer l’enquête… une lettre anonyme, par exemple ! Il faudra bien trouver le coupable de cet horrible drame… enfin, disons plutôt la coupable !

Dans le fond, il savait pertinemment que les choses devraient évoluer très vite et que les policiers ne resteraient pas inactifs sur une pareille affaire. Pour l’heure, quel bonheur de voir sa traîtresse de femme déployer des trésors de volonté pour ne pas craquer. Intuitivement, elle devait savoir que le drame était en marche. Au cours de la semaine, avait-elle consulté le journal des appels de son téléphone ? Avait-elle pris connaissance du fait que Lepage lui avait téléphoné le jour de sa disparition supposée, le vendredi soir, vers vingt et une heures trente… et qu’elle lui avait répondu durant une trentaine de secondes ? « Si oui, ça doit tourner dans sa tête », se dit Sébastien.

Lui, fut un compagnon et un père attentionné, ayant bien conscience que la mystérieuse disparition avait secoué toute la famille, principalement Sonia au tempérament particulièrement sensible.

*

* *

En sus de l’inspection académique, la gendarmerie fut alertée dès le mardi par la mère du prof qui déclara officiellement la disparition. On ne trouva pas Lepage chez lui – victime d’un malaise ou suicidé – ni aucun signe de lutte ou de désordre. Valises rangées, armoires toujours pleines, passeport et carnets de chèques dans un tiroir, sauf la voiture, rien n’avait disparu.

Compte tenu de la position sociale de Lepage et du foin médiatique qui s’en suivit, elle prit l’affaire très au sérieux et enquêta sans perdre une minute, avec le maximum d’agents disponibles. S’il avait eu des cheveux, le capitaine Josh se les serait arrachés, tant les premiers résultats furent décourageants.

Assis à son bureau, devant ses collaborateurs attentifs – il valait mieux l’être quand le patron était furax ! –, Josh fulminait :

– Que dalle, nada, walou, peau de zob… on a rien ! Bon dieu de merde, on ne disparaît pas comme ça ! Voilà un type sans histoire, qui sort de son boulot un vendredi, qu’on aperçoit ensuite devant son domicile vers vingt heures, et qui se volatilise ! Depuis, il n’est pas chez lui, pas au boulot, pas dans sa famille, même pas dans mon cul… nulle part ! Ça vous parle, ça… hein, ça vous parle ?

Tous les hommes baissaient la tête.

Plus que tout autre, le lieutenant Hubert de Carrez, vieux compagnon de route du capitaine, savait par expérience qu’il valait mieux ne pas interrompre les emportements de son supérieur et ami. Il s’empressa de répondre à l’impérieuse question :

– Tu

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