Le gout du peche by Esparbec

Auteur:Esparbec [Esparbec]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Erotique
ISBN: 9782842713218
Éditeur: La Musardine
Publié: 2007-08-21T22:00:00+00:00

14 HARRIS PRÊTE LE CUL DE MAMAN À PESCARINI

Mercredi 18 septembre

Est-ce ce temps mou et gris qui donne l'impression d'être dans du coton sale ? Dès mon réveil, après que Caroline m'eut apporté mon plateau au lit (Camomille était de congé), je me suis sentie patraque. Je n'avais de goût à rien. J'aurais voulu être loin de ce sale hôtel, à Paris, dans notre nouvelle maison du Square-Montsouris, oublier tout ce que j'ai vécu ici. J'ai un goût de salissure dans tout le corps, l'impression que je suis infectée, comme une plaie qui ne veut pas cicatriser, et qui démange.

Après le repas de midi, j'ai fait ma promenade rituelle le long du rivage ; je remuais des pensées moroses : ce que j'allais devenir en grandissant, par exemple. Est-ce que je serais comme maman, une espèce de folle qui ne pense qu'à ça ? Est-ce que je tromperais mon mari comme elle trompe papa ? A propos, que faisait-elle, en ce moment ? Ils s'étaient entassés tous les quatre dans la torpédo de Pescarini, histoire de visiter les alentours, une idée de Harris.

« Pourquoi ne nous emmèneriez-vous pas visiter toutes ces églises charmantes, Meg ! »

Pour sûr que la grosse dondon n'a pas compris pourquoi maman avait rougi si violemment. J'ai eu comme l'impression qu'elle lui donnait un coup de pied sous la table, à Harris, mais il a insisté, en riant sous cape :

« Elle connaît toutes les églises des environs... tous les petits coins intéressants... Pas vrai, Meg ? »

« Après tout, pourquoi pas ? » a fait Pescarini.

Ils m'ont bien proposé de monter avec eux, on se serrerait un peu dans la torpédo, ou l'un d'eux me prendrait sur ses genoux. Merci bien !

« On ne peut pas laisser la petite toute seule, a dit la grosse, elle va s'ennuyer ! »

J'ai rétorqué que je préférais m'ennuyer ici que dans de vieilles églises, et si maman m'a grondée mollement pour mon insolence, j'ai bien vu, au fond, qu'elle aimait autant que je n'y aille pas. Est-elle donc si pressée de savoir de quelle façon Harris va s'y prendre pour lui « faire donner son cul » à Pescarini, comme il a dit ? Avec Grosse Dondon dans les parages, ça me paraît bien compromis. M'est avis qu'ils vont se barber à cent sous de l'heure, tous tant qu'ils sont.

Arrivée à la pointe, je me suis arrêtée, à quoi bon continuer ? Les mouettes criaient en plein ciel. La mer était démontée. Moi, j'étais là, perdue parmi les rochers sur lesquels se brisaient les vagues, et je m'offrais aux mains rugueuses du vent de mer qui se faufilait entre mes cuisses et me laissait un goût de sel sur la bouche. Ce goût de sel n'était pas dû seulement aux embruns. Je crois que j'ai un peu pleuré. Un découragement sans bornes m'accablait. Je suis revenue à l'hôtel, et j'ai dû dormir assez longtemps, car j'entends klaxonner, en bas, et je vois que la nuit est tombée. Ce sont certainement les joyeux lurons qui reviennent de leur escapade.

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