Ca'Dario, la malédiction d'un palais vénitien by Jean-Paul Bourre

Ca'Dario, la malédiction d'un palais vénitien by Jean-Paul Bourre

Auteur:Jean-Paul Bourre [Bourre, Jean-Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Architecture, History, Modern, Venise, Roman, enquête, fantastique, intrigue, malédiction, palais vénitien
ISBN: 9782251444147
Éditeur: Les Belles lettres
Publié: 2011-02-14T23:00:00+00:00


* * *

1. Henri DE RÉGNIER, Esquisses vénitiennes [1906], Paris, Mercure de France, 1920.

2. Ibid.

3. Henri DE RÉGNIER, L’Altana ou la Vie vénitienne (1899-1924), Paris, Mercure de France, 1928.

4. Ibid.

5. Jean LORRAIN, Venise, Paris, La Bibliothèque, 1997.

Fenêtre géminée à l’angle du palais Priuli de S. Severo

Construction du premier tiers du XVe siècle

sur le rio de l’Osmarin

1053 calle Gambara

Les légendes vont vite à Venise. Gabriele D’Annunzio, qui habite une maison rouge sur le Grand Canal, évoque l’une des histoires qui entourent le palais Dario, incluant le palais Barbaro voisin, et la calle Gambara. C’est ici, raconte-t-il dans Le Feu, que vivait une comtesse volontairement cloîtrée, dans la zone de résonance du palais Dario, sur cette rive du Dorsoduro.

Il n’est pas facile de situer l’étroite calle Gambara qui fait un angle avec la calle Corfu et le campo della Carita. D’Annunzio parle de la comtesse Radiana, emprisonnée derrière une façade de la calle Gambara. Les fenêtres sont closes, les contrevents sont cloués, les portes scellées. Une seule porte s’ouvre encore, celle par où les serviteurs lui apportent de la nourriture, comme à un animal en cage. L’histoire rappelle le destin de Marietta Dario, emmurée dans l’une des chambres de son palais, à quelques dizaines de mètres de la calle Gambara.

Fasciné par l’évocation de D’Annunzio, j’ai exploré le quartier, un exemplaire du livre dans ma poche.

À cette heure matinale les ombres des passants au sol sont incroyablement allongées. Les marchands de bibelots ouvrent leurs boutiques roulantes. Le ciel est bleu, léger, sans nuages, et nous sommes en octobre. À ma gauche, des nuages blancs, floconneux, très bas, vers San Giorgio Maggiore. Il y a la fraîcheur du large, venue de l’Adriatique, l’éternel balancement des gondoles à l’amarrage. L’île de la Giudecca, tout en longueur, perdue dans une brume bleutée, et le vol blanc des mouettes, au-dessus du campo della Carita.

C’est un parcours sensible, auquel devraient se livrer les touristes à Venise, lassés du palais ducal, du pont des Soupirs ou du musée de l’Accademia. Un voyage dans l’âme secrète de la cité.

Si j’en crois D’Annunzio, c’est dans la calle Gambara, non loin de la Ca’ Dario, que vivait la comtesse Radiana, volontairement cloîtrée chez elle, volets fermés, barricadée. J’ai conscience du sérieux de ma quête. Le livre de D’Annunzio prend à mes yeux autant d’importance que l’Iliade qui permit à Schliemann de découvrir les vestiges de Troie, en se servant du récit d’Homère comme d’une carte au trésor.

J’ai longtemps cherché, inutilement, car la calle Gambara n’est pas visible sur les plans touristiques. Il faut acheter la carte du Touring Club Italiano à l’échelle 1/5 000. Tous les recoins de Venise y sont répertoriés, identifiés, la moindre cour intérieure, les voies sans issue, qui débouchent sur un rio, sur une fondamenta…

Sur ce plan il y a la mince calle Gambara qui fait un angle avec la calle Corfu et le campo della Carita.

La calle est toujours là, à gauche du consulat britannique, sur le campo della Carita, semblable à la description qu’en a fait D’Annunzio, lorsqu’il la décrit « grisâtre, humide, semée de feuilles mortes.



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