Dublin Lovers by Aurore Kopec

Auteur:Aurore Kopec [Kopec, Aurore]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance
Éditeur: Éditions Textes Gais
Publié: 2019-10-12T04:00:00+00:00

Maureen me prit la main en descendant de la voiture, m'empêchant de malmener mes bracelets sur lesquels j'avais tiré durant tout le trajet. Je ne connaissais pas du tout le quartier et me laissais guider. Avec Susan et les autres, nous nous retrouvions toujours dans le même pub, fréquentions le centre-ville pour les boutiques et j'avais rarement l'occasion de franchir la Liffey, car tout comme moi, Maureen habitait au sud du fleuve. L'établissement, nommé Wigwam, comme la tente amérindienne, accueillait en journée le café où nous allions et le soir un night-club. J'aurais sûrement raté l'entrée, étroite et coincée entre un tatoueur et une agence de voyage, si je n'avais pas été accompagné de quelqu'un qui connaissait les lieux.

Maureen poussa la porte. Nous n'eûmes aucun mal à repérer la haute silhouette d'Aisling à une petite table ronde au bout de la salle. Il se renfrogna en me voyant accompagné. Je me glissai sur la banquette et le regrettai une seconde plus tard en me retrouvant entre Aisling et Maureen. Elle exhiba nos mains jointes sur la table, le défiant ouvertement. Il se retint à grand peine de faire la moue. Au lieu de ça, il fit signe à un serveur qui prit notre commande. Visiblement, il avait besoin d'un remontant, car il opta pour un irish coffee. Le silence entre nous devint sérieusement inconfortable.

— J'ai l'intention de tout faire pour reconquérir Rowan, annonça Aisling de but en blanc.

Je me pinçai l'arête du nez. Le retour du connard arrogant et jaloux dans toute sa splendeur. Un baiser et il croyait avoir des droits sur moi.

— Ash… soufflai-je, espérant calmer le jeu.

— Il ne t'appartient pas, attaqua Maureen.

— À toi non plus, que je sache.

— Hé oh, je suis là !

— Pourquoi il reviendrait avec toi ? renchérit-elle.

— Parce qu'il m'aime encore. Il t'a parlé de notre baiser d'hier soir ?

— Stop, ça suffit ! haussai-je le ton.

— Il faut que tu dragues tout ce qui bouge ! rétorqua Maureen.

— Hé ! tentai-je d'intervenir.

— Et là, tu es en train de parler à sa place, c'est beau, ça, répliqua-t-il.

— J'aimerais bien en placer une, vous savez.

— Il m'a embrassé et il avait très envie de moi. C'était évident, insista-t-il. Tu as du souci à te faire. Il finira par revenir. Il aime trop les hommes. Il m'aime trop, moi.

— Tu l'as fait souffrir, pourquoi il retournerait avec celui qui lui a brisé le cœur ?

— Aucune femme n'a pu le retenir. Désolée chérie, mais tu n'as pas ce qu'il faut pour qu'il reste avec toi.

— Oh mon dieu, on atteint des sommets ! soupirai-je, dépité. Bon, si c'est comme ça…

Je me levai, obligeant Maureen à en faire autant, mais cela ne les arrêta pas, ils continuèrent à se chamailler. Je m'installai au comptoir et demandai mon chaï latte. L'enceinte diffusait Time is running out de Muse. Je tapotai le rythme de la basse du bout des doigts en attendant que le barista prépare ma commande.

I tried to give you up but I'm addicted

Ouais, c'était totalement moi, ça.

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