Aurelia Ryder T1 L'héritière de sang by Ilona Andrews

Auteur:Ilona Andrews [Ilona Andrews]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BL fanta
Éditeur: Collection Infinity
Publié: 2021-11-24T04:00:00+00:00

***

L’obscurité accumulée dans le coin de la pièce se mit à bouger.

Elle s’écoula du plafond sur le sol puis glissa vers le centre du plancher. On aurait dit qu’une main invisible tirait un lé de fine gaze noire jusqu’à moi à l’aide d’un crochet. Je m’obligeai à rester assise, la main sur le manche de ma lance.

Les ténèbres fusionnèrent en une grande et mince forme masculine tissée de feu. De la fumée tourbillonna autour de la silhouette et se transforma en une volumineuse robe noire doublée d’une longue cape. De la peau humaine de la couleur de l’albâtre enveloppa le corps. Elle masquait le brasier sans pour autant parvenir à le cacher complètement. Il était toujours là, léchant la chair de l’intérieur et la réchauffant d’une douce teinte de pêche ici et là.

Ce n’était pas un simple ma’avir, mais l’un des grands prêtres. Merde. Au moins, j’avais fait sortir Ascanio.

Il croisa les mains devant lui, la paume gauche vers le haut, la droite reposant dessus. Il était glabre. Pas de barbe ni de sourcils ou de cils. Juste une peau lisse et tendue sur des traits anguleux. Ses yeux, d’un pâle vert bleuté, me contemplèrent fixement. Il n’y avait aucune surprise dans ce regard. Il savait qui j’étais et s’était spécialement déplacé pour moi.

La quantité de magie dont il avait besoin pour garder une forme humaine devait être stupéfiante. Je n’étais pas sûre de gagner ce combat.

Le grand prêtre me salua d’un bref hochement de tête.

— Nous nous rencontrons enfin, Dananu.

— Quelle raison aurais-je à vouloir lier connaissance avec un tueur d’enfants ?

Le verset 18:21 du Lévitique interdisait aux fidèles de sacrifier leurs progénitures. Plus spécifiquement, il stipulait : « Tu ne donneras point de tes enfants pour les faire passer par le feu devant Molek. » Les ma’avirim devaient justement leur nom à cet acte barbare, puisqu’ils étaient ceux qui prenaient les petits et les « faisaient passer (vivants) par le feu » pour leur dieu. On ne devenait pas grand prêtre sans avoir massacré des centaines de gamins.

— Je m’étais bien caché, et tu as pourtant détecté ma présence. Dis-moi, Dananu, ma magie t’appelle-t-elle ? Le feu du sacrifice sent-il bon ? Est-ce que son pouvoir te tente ?

— Non. Il me donne la nausée.

— Vraiment ? (Il inclina la tête comme un chien perplexe.) Je pense au contraire qu’il t’attire. C’est un désir, un besoin insatiable que seul le sacrifice peut satisfaire. Imagine-toi le goûter. Imagine l’afflux de puissance dans tes veines palpitantes.

— Les veines ne palpitent pas. Ce sont les artères qui le font.

— Pourquoi te priver de cette extase ?

— Je ne sais pas… Devoir brûler vifs des bébés a probablement quelque chose à voir avec ça.

— La vie est douleur et souffrance. Un trajet brutal et douloureux fait de labeur et de regrets.

Sa magie s’abattit sur moi comme une masse.

— Thomas Hobbes a appelé. Il veut récupérer sa thèse.

— Les enfants sont innocents et purs. Nous leur épargnons une existence entière de misère. Après

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