101 ans Mémé part en vadrouille by Fiona Lauriol

Auteur:Fiona Lauriol [Lauriol, Fiona]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignage
Éditeur: Blacklephant Éditions
Publié: 2021-11-04T23:00:00+00:00

* * *

* Lait.

Chapitre 5

La pensée, c’est comme la voiture, sans conducteur, elle ne tue pas !

Samedi 14 mars 2020.

Je me souviendrai de mon anniversaire… Depuis quelques jours j’ai pris l’habitude de lire, dès mon réveil, les titres pour savoir où en est la situation face au coronavirus, nouvellement dénommé Covid-19, en référence à l’année 2019 ! Car de nouvelles dispositions à adopter sont sans cesse annoncées. Le nombre de malades augmente de jour en jour, les décès se multiplient et on reste dans l’expectative de savoir quelles mesures vont être prises pour stopper la propagation. Ce matin en lisant les nouvelles sur mon téléphone, je reste bouche bée en apprenant que l’Espagne est en état d’urgence !

Qu’est-ce que ça signifie ?

Pendant que ma petite maman se réveille tranquillement, que mon petit papa s’habille, je prépare le café et les rejoins dans le fourgon pour leur lire les dernières informations. Mes parents, eux, n’ont pas l’air de s’alarmer, est-ce bon signe ? Moi, je panique légèrement, car au départ il était hors de question de fermer les écoles en France, et quelques heures plus tard le contraire se passait. Au départ, on nous ressassait que ce n’étaient que les personnes de plus de 70 ans ou atteintes de pathologies graves qui étaient en réanimation, et après, on apprend que même les 30-40 ans sont gravement touchés. Bref, dans ce contexte, difficile d’avoir confiance dans les décisions prises par les têtes pensantes.

En allant faire un tour pour me dégourdir les jambes, j’interpelle deux marcheuses autochtones pour avoir un peu plus d’explications. Elles me signalent que certains commerces, comme les bars, restaurants, magasins non alimentaires, sont fermés jusqu’à nouvel ordre et que si je veux faire des courses de nourriture, il faut que j’y aille le plus tôt possible. J’explique en deux mots que c’est mon anniversaire, elles sourient et me disent que c’est mal tombé pour faire la fête.

On prend notre courage à deux mains, ma petite maman rédige une liste de courses à la hâte, et avec mon petit papa on va dans le magasin le plus proche.

Je n’ai jamais connu l’état de guerre, mais à mon arrivée au Carrefour, c’est la panique. La désorganisation face aux produits alimentaires à acheter est palpable, les gens restent dans les rayons à regarder ces derniers se vider sous leurs yeux, sans savoir ce qu’ils doivent acheter et pour combien de temps. Les œufs, même ceux de cailles, ont disparu, la farine aussi, une entrecôte traîne encore, doit-on se l’arracher ?

Pourquoi le monde est-il atteint subitement d’achats compulsifs ?

Peut-être parce qu’on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés.

Jeu de mots déplacé en plein questionnement sur la nourriture, ce n’est pas pour dire, je ne vois pas ce que ça ferait d’avoir un pack de bières ou dix paquets de pâtes en plus que son voisin, car si c’est la famine, la fin du monde, l’intérêt n’est que limité. Et puis, la survie, si c’est pour s’entretuer pour un Nutella…

J’achète, hormis

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