Yetig de la nef monde by Le May Jean-Louis

Auteur:Le May,Jean-Louis [Le May,Jean-Louis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Anticipation-Fiction
Éditeur: Fleuve Noir Anticipation
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE V

YETIG.

L’un après l’autre, Brilor et Stanur commencèrent leur ascension journalière du ciel encore mauve, mêlant leurs rayonnements pour apporter la lumière sur Ganéone. La brume-eau changea insensiblement de teinte, devenant vif-argent avant de disparaître, fondue en une nappe diaphane qui maintiendrait l’écran bienfaisant entre les radiations ultraviolettes de l’astre bleu et la planète. Dans l’abri sous la roche, les cristaux inclus dans la masse étincelèrent ainsi qu’ils le faisaient depuis que les mouvements de flexion et de pression de l’écorce sous-jacente avaient permis à l’eau liquide de s’infiltrer, puis de commencer à creuser, patiemment, ses chemins tortueux, sous la seule énergie de la gravitation.

Cette lumière insistante, de plus en plus crue, éveilla les microvies des cavernicoles diurnes mais ne parvint pas à arracher au sommeil écrasant les deux êtres aux membres mêlés qui flottaient en lévitation instinctive tout près de la paroi mamelonnée.

Plusieurs insectes perçurent la présence de ces formes insolites qui occupaient une partie importante de leur territoire, créant l’ombre dangereuse à des emplacements où régnait d’ordinaire la lumière. Ils contournèrent la trace obscure en s’étonnant de son immensité. D’autres insectes, plus insouciants ou plus primitifs, ne tinrent aucun compte de l’anomalie essentielle modifiant l’atmosphère de leur monde et c’est ainsi que des sauteurs aux longues pattes puissantes et griffues commencèrent leurs ébats dans les rayons des soleils jumeaux.

Ils ne cherchèrent pas le contact avec les formes intruses, mais ne firent rien pour les éviter, leur instinct ne les avertissant pas d’un danger, alors que la seule perception de la vibration de l’air sous le battement d’ailes d’un membraneux ou le cri ultrasonique du même les eût aussitôt lancés dans leurs refuges de la paroi.

Deux d’entre eux, dans un saut calculé, tombèrent accouplés sur le visage de Welchine et s’y aimèrent jusqu’à ce que, avec un cri de frayeur, la jeune femme les chassât d’un revers de main, mettant fin du même coup à leur passion et à leur vie.

Welchine battit les paupières, frottant sa joue à peine effleurée par les griffes incapables de percer la barrière de la peau satinée et ouvrit les yeux. Sa position étrange la surprit au point qu’elle eut un réflexe d’effarement, d’incompréhension, qu’elle perdit l’équilibre et que ses réflexes ganéens ne jouèrent pas. Elle chut sur le sol humide, oubliant de léviter.

Tenelic se redressa d’un seul élan qui souleva son corps et le posa bien en équilibre sur le trapèze de sustentation de deux pieds solidement accrochés au sol, cherchant de ses yeux gonflés la menace terrifiante qui venait de faire hurler sa compagne.

C’est alors que celle-ci, sans transition, se mit à rire, d’abord timidement, cherchant à étouffer ses cris semblables à ceux de certains oiseaux, puis aux éclats, au point que Tenelic commença à s’effrayer de cette réaction dont il ne comprenait pas la cause, ni le sens. Puis le son du rire l’intrigua. Ce n’était pas l’intonation de Welchine, fraîche et aiguë, mais une expression plus chaude, plus sensuelle, plus féminine, infiniment.

— Qu’y a-t-il ? murmura-t-il, reprenant sa lucidité.

Elle le

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