Winn-Dixie by Kate DiCamillo

Auteur:Kate DiCamillo [DiCamillo, Kate]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9781443145039
Éditeur: Scholastic Canada Ltd

Chapitre quinze

La climatisation de la bibliothèque Herman W. Block ne fonctionnait pas très bien, et il n’y avait qu’un ventilateur. Aussi, dès que Winn-Dixie et moi entrions dans la bibliothèque, il monopolisait l’appareil. Il s’installait juste devant en remuant la queue et laissait l’air lui soulever tout le poil. Certains de ses poils ne tenaient pas très bien et se détachaient, comme des graines de pissenlit. J’étais gênée qu’il prenne toute la place devant le ventilateur et j’avais peur qu’il devienne chauve à rester là, mais Mlle Franny m’a dit de ne pas m’inquiéter, que Winn-Dixie pouvait monopoliser le ventilateur si cela lui plaisait et qu’elle n’avait jamais vu de chien devenir chauve à cause d’un ventilateur.

Parfois, pendant qu’elle me racontait une histoire, Mlle Franny avait une crise. C’étaient des petites crises, qui ne duraient pas longtemps. Elle commençait par oublier ce qu’elle venait de dire, puis elle s’arrêtait de parler et se mettait à trembler comme une feuille. Lorsque cela se produisait, Winn-Dixie se levait d’un bond et allait s’asseoir tout près d’elle. Il se tenait droit, comme pour la protéger, avec les oreilles dressées sur la tête, comme des soldats. Et lorsqu’elle s’arrêtait de trembler et reprenait la parole, Winn-Dixie lui léchait la main et retournait se coucher devant le ventilateur.

Chaque fois que Mlle Franny avait une crise, cela me rappelait Winn-Dixie pendant un orage. Il y a eu beaucoup d’orages, cet été-là, et j’ai appris à retenir Winn-Dixie pendant qu’ils faisaient rage. Je le tenais contre moi et le réconfortais en lui murmurant à l’oreille des mots rassurants, et je le berçais, tout comme lui, il essayait de réconforter Mlle Franny lorsqu’elle avait ses crises. Sauf que je tenais Winn-Dixie pour une deuxième raison : je ne voulais pas qu’il se sauve.

Tout cela me faisait penser à Gloria Dump. Je me demandais qui la réconfortait lorsqu’elle entendait ses bouteilles s’entrechoquer, ses fantômes lui rappeler ses erreurs. Je voulais la réconforter. Et j’ai décidé que la meilleure façon de le faire serait de lui lire un livre, de le lui lire assez fort pour éloigner les fantômes.

J’ai donc demandé à Mlle Franny.

— Mademoiselle Franny, je connais une vieille dame qui ne voit plus grand-chose et j’aimerais lui lire un livre à haute voix. Est-ce que vous avez des suggestions?

— Des suggestions? a répété Mlle Franny. Bien sûr que j’ai des suggestions! Que penses-tu de Autant en emporte le vent?

— Qu’est-ce que c’est que ça? ai-je demandé.

— Eh bien! c’est une merveilleuse histoire sur la guerre de Sécession.

— La guerre de Sécession? ai-je répété.

— Ne me dis pas que tu n’as jamais entendu parler de la guerre de Sécession? a demandé Mlle Franny.

On aurait dit qu’elle allait s’évanouir; elle s’éventait le visage de la main.

— Je sais ce que c’est, la guerre de Sécession, ai-je répondu. C’était la guerre entre le Sud et le Nord, à cause de l’esclavage.

— L’esclavage, c’est ça! a rétorqué Mlle Franny. C’était aussi à propos des droits et de l’argent des États. Ce fut une guerre terrible.

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