Voyage sous les flots by Aristide Roger

Auteur:Aristide Roger
La langue: fra
Format: epub
Tags: aventure, sous-marin, jules verne, exploration, explorateur
Éditeur: publie.net
Publié: 2019-12-03T16:00:00+00:00

Chapitre XI

DANS LES GLACES

Le bateau, refoulé à une très grande profondeur sous les flots par la chute de la trombe, remonta rapidement à travers les couches liquides de l’Océan, lorsque l’effroyable typhon qui s’était précipité sur lui se fut noyé dans les vagues.

Mais, pendant les quelques secondes que dura cette brusque submersion de l’Éclair, les malheureux voyageurs faillirent être asphyxiés par l’atmosphère irrespirable de la cabine, qui ne contenait plus que de l’acide carbonique et de l’azote, gaz complètement impropres, comme on sait, à entretenir les fonctions pulmonaires.

Trinitus, pour échapper à l’asphyxie, n’avait trouvé qu’un moyen ; il avait résolu de briser une des vitres de la porte-fenêtre, afin de donner accès à l’air pur et vivifiant du dehors. Aussi, dès que le bateau reparut à la surface des flots, le savant, d’un coup de la hache qu’il avait saisie, au moment où la trombe crevait sur l’Éclair, fit-il voler en éclats une des épaisses lames de verre enchâssées dans les parois du navire.

Aussitôt l’air vif de la mer, tout imprégné de vapeurs et de brumes salées, entra par bouffées dans le bateau, et ranima la vie dans la poitrine oppressée des malheureux voyageurs.

Cependant la tempête, considérablement apaisée par la rupture du typhon, diminuait de plus en plus d’intensité. Le ciel se découvrait par places, et à travers les déchirures des nuages, dont les derniers lambeaux fuyaient rapidement sous une forte brise de nord-ouest, Trinitus voyait l’azur profond et serein des mystérieuses contrées vers lesquelles l’ouragan avait jeté son pauvre bateau.

Mais les vagues se calmaient moins promptement que la foudre et les rafales. L’Océan, quoiqu’il eut épuisé la rage et les efforts du cyclone, était encore très agité. Il avait peine à se remettre et se démenait comme un homme qui vient de soutenir une lutte acharnée et redoutable. Il secouait encore l’Éclair avec une extrême violence, le faisait bondir sur la crête de ses flots, et le poussait vers l’inconnu.

Marcel et Nicaise, brisés de fatigue, avaient fini par s’endormir, et Trinitus lui-même, malgré les brusques oscillations du bateau qui l’empêchaient de se livrer au sommeil, sentait se fermer ses paupières appesanties.

Le savant n’avait pas perdu, d’ailleurs, toute espérance. Les avaries considérables qu’avait éprouvées l’Éclair ne l’effrayaient pas beaucoup. Il savait que la coque du navire résisterait à toutes les colères de l’Océan ; et il se sentait assez de courage pour réparer les dégâts occasionnés par la tempête, s’il avait le bonheur d’être jeté sur une terre qui ne fût pas tout à fait inhabitable. La science était sa bonne fée, et Trinitus avait en elle une extrême confiance. Il se croyait, avec son aide, plus fort que tous les éléments conjurés.

Au moyen de son bateau sous-marin, il avait une première fois vaincu l’Océan. Celui-ci venait de le battre à son tour, en brisant le puissant appareil électrique de l’Éclair ; mais le savant comptait bien prendre un jour sa revanche. Il contemplait d’un œil calme cette mer furieuse qui l’emportait après l’avoir désarmé, et qui cherchait à le

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