Voyage en Orient, Tome 2 by Gérard De NERVAL

Voyage en Orient, Tome 2 by Gérard De NERVAL

Auteur:Gérard De NERVAL
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9781909053199
Éditeur: Les Editions de Londres
Publié: 2012-06-17T00:00:00+00:00


7. — Quatre portraits.

La troisième pièce décorée, qui dans nos usages représenterait le salon, était meublée de divans couverts de soie aux couleurs vives et variées. Sur le divan du fond trônaient quatre belles personnes qui, par un hasard pittoresque ou un choix particulier, se trouvaient présenter chacune un type oriental distinct.

Celle qui occupait le milieu du divan était une Circassienne, comme on pouvait le deviner tout de suite à ses grands yeux noirs contrastant avec un teint d’un blanc mat, à son nez aquilin d’une arête pure et fine, à son cou un peu long, à sa taille grande et svelte, à ses extrémités délicates, signes distinctifs de sa race. Sa coiffure, formée de gazillons mouchetés d’or et tordus en turban, laissait échapper des profusions de nattes d’un noir de jais, qui faisaient ressortir ses joues avivées par le fard. Une veste historiée de broderies et bordée de fanfreluches et de festons de soie, dont les couleurs bariolées formaient comme un cordon de fleurs autour de l’étoffe ; une ceinture d’argent et un large pantalon de soie rose lamée complétaient ce costume, aussi brillant que gracieux. On comprend que, selon l’usage, ses yeux étaient accentués par des lignes de surmeh, qui les agrandissent et leur donnent de l’éclat ; ses ongles longs et les paumes de ses mains avaient une teinte orange produite par le henné ; la même toilette avait été faite à ses pieds nus, aussi soignés que des mains, et qu’elle repliait gracieusement sur le divan en faisant sonner de temps en temps les anneaux d’argent passés autour de ses chevilles.

A côté d’elle était assise une Arménienne, dont le costume, moins richement barbare, rappelait davantage les modes actuelles de Constantinople ; un fezzi pareil à ceux des hommes, inondé par une épaisse chevelure de soie bleue, produite par la houppe qui s’y attache, et posé en arrière, parait sa tête au profil légèrement busqué, aux traits assez fiers, mais d’une sérénité presque animale. Elle portait une sorte de spencer de velours vert, garni d’une épaisse bordure en duvet de cygne, dont la blancheur et la masse donnaient de l’élégance à son cou entouré de fins lacets, où pendaient des aigrettes d’argent. Sa taille était cerclée de plaques d’orfèvrerie, où se relevaient en bosse de gros boutons de filigrane, et, par un raffinement tout moderne, ses pieds, qui avaient laissé leurs babouches sur le tapis, se repliaient, couverts de bas de soie à coins brodés.

Contrairement à ses compagnes, qui laissaient librement pendre sur leurs épaules et leur dos leurs tresses entremêlées de cordonnets et de petites plaques de métal, la juive, placée à côté de l’Arménienne cachait soigneusement les siens, comme l’ordonne sa loi, sous une espèce de bonnet blanc, arrondi en boule, rappelant la coiffure des femmes du temps du quatorzième siècle, et dont celle de Christine de Pisan peut donner une idée. Son costume, plus sévère, se composait de deux tuniques superposées, celle de dessus s’arrêtait à la hauteur du genou ; les couleurs en



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