Voyage au bout de la droite by Gaël Brustier & Jean-Philippe Huelin

Voyage au bout de la droite by Gaël Brustier & Jean-Philippe Huelin

Auteur:Gaël Brustier & Jean-Philippe Huelin [Brustier & Huelin, Jean-Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mille et une nuits
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Berlusconi : populisme de marché, occidentalisme et reconversions tous azimuts

Seize ans après la première accession au pouvoir de Silvio Berlusconi, l’hégémonie culturelle dextriste semble ne pas devoir s’étioler. Pendant la seconde expérience Berlusconi, entre 2001 et 2006, Rome a connu des manifestations de plus d’un million de personnes hostiles à la politique sociale du Cavaliere. Pourtant, les analyses fréquentes sur la faiblesse du leadership au sein de l’opposition font l’impasse sur l’ampleur du combat culturel à l’œuvre dans la péninsule italienne. La destra a conservé ses contradictions : son Nord est plus xénophobe, néolibéral et anti-État, et son Sud, plus étatiste et tenant de l’unité italienne, mais pas moins inquiet des conséquences des flux migratoires. Malgré ses contradictions, la destra conserve ses fondamentaux : anticommunisme culturel, occidentalisme effréné, soumission aux dogmes économiques néolibéraux, mise en accusation des immigrés, dénonciation des juges, des journalistes et des élites intellectuelles. Dominer culturellement un pays implique à la fois un discours cohérent et des pratiques politiques corrélées au combat culturel que l’on mène. La destra italienne ne fait pas exception, elle arrive même à jouer de ses contradictions secondaires pour renforcer son emprise sur le pays. Les élections régionales de mars 2010 ont d’ailleurs prouvé que cette stratégie était bénéfique.

Au cœur du bouillonnement dextriste italien se trouve un homme, à la fois économiste réputé et redoutable polémiste. Giulio Tremonti, ministre de l’Économie de l’ère Berlusconi, est l’un des penseurs de l’actuelle destra italienne. Après avoir été proche du PSI, il a adhéré à Forza Italia, dont il est devenu l’un des idéologues les plus radicaux et les plus en vue. En apparence, Tremonti peut sembler délivrer un discours contradictoire, n’hésitant pas à dénoncer certains excès du marché tout en demeurant un fervent opposant à l’étatisme et à ce qu’il juge être de l’assistanat : il est le prototype de la contestation de droite. Il est sans doute celui dont la doctrine ressemble le plus, en Italie, à ce que fut le thatchérisme originel au Royaume-Uni. Dans La Paura e la Speranza56, un essai paru en 2008, Tremonti prône un retour aux valeurs, à la famille, à l’identité, à l’autorité, à l’ordre, à la responsabilité et au fédéralisme. Manifeste de l’imaginaire collectif berlusconien, ce livre donne aux Italiens toutes les raisons d’avoir peur et de garder l’espérance grâce à la destra italienne. Outre des valeurs assez classiques de la droite, on retrouve l’identité, que la droite italienne parvient à définir de manière protéiforme : identités locales, identités régionales, identité nationale, identité européenne. L’identité semble devenir un antidépresseur de la vie politique italienne. La droite ne se définit pas seulement par son adhésion au néolibéralisme, elle vise à lui donner une raison d’être et à bâtir un imaginaire collectif qui le rende possible. Elle combine plusieurs dimensions, parfois contradictoires, souvent complémentaires, dont Tremonti se fait le scribe méticuleux et le penseur infatigable. Défenseur de la puissance publique, Tremonti est également le thuriféraire des « petits patrons » et des indépendants qui forment une bonne part de l’électorat de la destra italienne.



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