Voulez-vous vraiment sortir de la crise ? by Pécresse Valérie

Voulez-vous vraiment sortir de la crise ? by Pécresse Valérie

Auteur:Pécresse Valérie
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2013-01-14T16:00:00+00:00


En témoigne une réunion au sommet de l’État, à l’automne 2007. Nicolas Sarkozy nous a réunis, François Fillon, Jean-Louis Borloo, Michel Barnier et moi-même ainsi que les principaux collaborateurs de l’Élysée, pour mettre en œuvre le Grenelle de l’environnement. Jean-Louis Borloo propose d’annoncer la fin de la recherche OGM en France. « La France sans OGM » deviendrait la marque de fabrique du Grenelle. Je perçois alors tout l’enjeu des négociations qui sont en cours avec les associations écologistes. Celles-ci ont renoncé à faire du nucléaire un enjeu du Grenelle et cherchent à obtenir, en compensation, une victoire sur autre chose. Le contexte est par ailleurs assez tendu avec les agriculteurs puisque le Monsanto 810, semence OGM qui a été autorisée par l’Union européenne, fait l’objet de nombreuses critiques.

Autour de la table, je sens que le rapport de force est clairement en faveur de cette décision. Certains collaborateurs du Président, dont Claude Guéant, sont, à ma grande surprise, très séduits et poussent dans le sens de Jean-Louis Borloo. Ils rêvent d’un Grenelle de l’environnement qui marque l’Histoire. Ils veulent absolument que ce soit une grande réussite, qui coupe l’herbe sous le pied de la gauche. Et personne n’ose aller contre. Je connais bien l’ambiance de ces réunions autour du président de la République. Je les ai vécues lorsque je travaillais pour Jacques Chirac à l’Élysée. L’ambiance n’est pas si différente sous Nicolas Sarkozy. Assis côte à côte autour de la grande table recouverte d’un tapis vert, conseillers et ministres hument l’air et cherchent le sens du vent. Que pense le Président ? C’est la question qui hante toutes les têtes. Que dois-je dire pour l’influencer sans pour autant lui déplaire ? Pour me mettre en valeur sans risquer la disgrâce ou la rebuffade ?

Dans ce genre de situation, on évalue également qui pourraient être ses alliés. Ce jour-là, comme tant d’autres, je me sens un peu seule. Mais j’estime que si je suis invitée à ces réunions, c’est pour dire ce que je pense, pas pour tenir un discours courtisan. Je me lance donc : « Je comprends qu’il faille donner de la puissance au Grenelle de l’environnement, mais autant un moratoire sur les semences de Monsanto 810 me paraît justifié, autant échanger les biotechnologies végétales contre le nucléaire me paraît un choix très risqué pour l’avenir de la France. Si un jour une technologie vient révolutionner l’agriculture sans dommages pour l’environnement, pouvons-nous rester à l’écart d’un tel progrès ? Chaque OGM est différent. Et chacun doit faire l’objet d’une approche très encadrée, rationnelle, comme pour les médicaments. Nous avons un devoir de recherche, ne serait-ce que pour pouvoir juger de la dangerosité éventuelle des produits OGM que nous importons déjà. »

Moment d’hésitation dans la pièce. Certains conseillers du Président me regardent d’un air exaspéré. D’autres, comme le directeur de cabinet du président, Christian Frémont, opinent silencieusement, soulagés de voir s’exprimer une autre voix dans ce concert anti-science. Jean-Louis Borloo maintient sa position. François Fillon me soutient. Finalement, le Président



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