Vies de mafia by Henri Haget & Delphine Saubaber

Vies de mafia by Henri Haget & Delphine Saubaber

Auteur:Henri Haget & Delphine Saubaber [Haget, Henri & Saubaber, Delphine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Kékann' - Kdo perso
Publié: 2011-05-23T04:00:00+00:00


Les naufragés de la coke

Roberto le Calabrais et Toto le Sicilien avaient uni leur génie pour inonder l’Europe de poudre. Ils se voyaient déjà l’égal des narcos colombiens. Mais trafiquant international, c’est un métier.

Le roi de la coke avait un cœur de grand-mère asthmatique. Quand les médecins sont venus l’ausculter derrière les barreaux de la carcérale, à l’automne 2009, le diagnostic est tombé net et carré : « Cardiopathie ischémique post-infarctus. » Au fond de sa cellule, la mine anthracite, les jambes en coton, Roberto Pannunzi ruminait sa trouille. Alors, il est allé quémander un soupçon d’humanité chez le juge. Et il a obtenu de passer du régime sec de la prison aux arrêts domiciliaires, le temps de se remettre d’aplomb. C’est fou ce qu’on vieillit vite quand on consacre sa vie au transfert de tonnes de blanche entre la Colombie et l’Europe. Car Pannunzi n’est pas devenu « la plus haute expression du narcotrafic » de la ’Ndrangheta calabraise, selon l’expression des enquêteurs, sur un claquement de doigts. Il a travaillé dur. Il y a mis tout son pauvre cœur.

Sa dernière affaire, « à deux mille heures de travail », comme il s’en vantait au téléphone, l’avait épuisé. Trop de stress. La taule l’a achevé. Même les magistrats du tribunal de surveillance de Rome ont admis qu’il faisait pitié. Quand ils l’ont autorisé à se faire soigner à la clinique, ils ont bien souligné que sa dangerosité sociale était « réduite par la maladie ». C’est comme ça qu’à la première occasion, en mars 2010, le moribond s’est fait la valise. Tranquillo Roberto. Pas le moindre planton à l’horizon. Personne pour s’apercevoir qu’il avait disparu. Les flics ont découvert l’évasion lors d’un contrôle de routine, alors que le parrain était sûrement déjà installé dans un avion en partance pour le bout du monde.

Le pire, c’est qu’il avait déjà fait le coup, quelques années plus tôt, en s’échappant d’une maison de soins. Cette fois, Nicola Gratteri, le magistrat qui avait coordonné les enquêtes, ardues, menant à sa capture en 2004, a moyennement apprécié la plaisanterie. Il a rappelé, furibard, que Pannunzi était de ceux « qui ne comptent pas l’argent mais qui le pèsent ». Une multinationale de la drogue à lui tout seul. Le symbole d’une nouvelle géopolitique mafieuse, où les clans de la ’Ndrangheta calabraise ont définitivement relégué leurs cousins siciliens au rang de dealers de quartier. Roberto lui-même pouvait en témoigner : sans son association avec ces losers de Cosa Nostra qui, dix ans plus tôt, avait viré au naufrage, il n’aurait jamais déclenché sa cardiopathie machin chose.

L’histoire de cette ambitieuse « joint venture » calabro-sicilienne s’annonçait pourtant sous les meilleurs auspices. En ce début d’année 2000, Salvatore Miceli, un homme d’honneur de la région de Trapani en Sicile, contacte son bon copain Pannunzi pour lui vendre l’affaire du siècle. Il a été chargé par les autorités suprêmes de Cosa Nostra d’échafauder un trafic avec la Colombie afin d’inonder l’Europe de poudre. Ayant vécu au Canada, Miceli



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