Vidocq, du bagne à la préfecture by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2018-03-15T00:00:00+00:00

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TRIOMPHE ET ÉCLIPSE DE VIDOCQ

Decazes remercié, Vidocq n’en continue pas moins son ascension, au point de passer pour indispensable. Cette réussite n’est pas sans redoubler les jalousies. La plupart de ses subordonnés sont en outre des forçats repentis, qui conservent parfois leurs mauvaises manières. C’est le cas d’un certain Goury, qui profite d’une perquisition pour se procurer des bijoux à bon compte. Les ennemis de Vidocq s’insurgent :

Qu’on se hâte de licencier cette troupe dont le nom est déjà la plus sanglante injure ! Car pour la caractériser, elle a été surnommée bande avec l’addition de son chef originaire 1.

Dans les couloirs de la préfecture, on répète que Vidocq et « sa bande » touchent des commissions plutôt douteuses à l’occasion de la répression de certains délits :

Quand un habitant de Paris avait été spolié, il allait les trouver et leur offrait une récompense pour les exciter à découvrir les choses qui avaient été enlevées. Ceux-ci écoutaient, dictaient leurs conditions, se mettaient en campagne, retrouvaient souvent avec facilité et recevaient la somme promise ; et cependant ils étaient payés par l’autorité pour aller à la recherche des malfaiteurs 2.

Les méthodes de Vidocq, le recrutement de ses agents donnent lieu à une abondante littérature. Le chef de la Sûreté en est conscient :

Je ne me plaindrais pas, si les chansonniers qui m’ont chansonné, si les dramaturges qui m’ont mis en pièces, si les romanciers qui ont esquissé mon portrait m’avaient chansonné, mis en pièces ou esquissé tel que je suis. […] La calomnie ne ménage personne. Et plus que tout autre, j’ai servi de but à ses atteintes 3.

Il n’est pas rare, après un vol, que la police officielle laisse accroire que les coupables présumés appartiennent à la « bande à Vidocq ». Ce dernier réplique que « les soldats de son escouade » sont très honnêtes, comparés par exemple à ceux de M. le chef de la police centrale ! Et pour illustrer son propos, il raconte volontiers l’anecdote suivante.

Un nommé Aubé, agent de la Sûreté, attendant des instructions, remarque dans l’antichambre de Vidocq des billets de banque qui dépassent d’une serviette ; il y en a pour 58 000 francs. Il les restitue à son chef :

La confiance, dira Vidocq, était à la base de ma conduite vis-à-vis d’eux. Lorsque j’avais des sommes et des valeurs considérables à déposer à la préfecture ou au greffe, mes agents briguaient souvent l’honneur d’en être chargés ; je les remettais à celui que je voulais récompenser et je défendais à ses camarades de l’accompagner, dans la crainte qu’il pût penser que je le faisais surveiller ; j’étais sûr alors que le dépôt serait fidèlement remis 4.

Cependant, Vidocq est certainement trop affirmatif quand il prétend qu’aucun de ses agents, anciens forçats, n’a été compromis sous ses ordres. Ainsi, en 1823, à l’occasion du procès de Léonard Laville, marchand de tableaux, et de ses complices en escroquerie, il sera démontré « qu’ils avaient toujours été protégés par l’agent de police nommé Vidocq, qu’ils s’étaient

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