Victoria: Reine D'Un Siècle by Joanny Moulin

Victoria: Reine D'Un Siècle by Joanny Moulin

Auteur:Joanny Moulin [Moulin, Joanny]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
ISBN: 9782081228818
Google: QlQrKQEACAAJ
Éditeur: Flammarion
Publié: 2011-04-26T22:00:00+00:00


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« Le pays, écrit Victoria à Stockmar, est toujours aussi loyal, mais juste un peu fou. »

Il faut attendre la rentrée parlementaire de février 1854 pour que les rumeurs se dissipent tout à fait. Les leaders des deux grands partis, Aberdeen et Russell, prennent alors la parole pour dénoncer ces calomnies et prononcer de vibrants éloges du prince Albert qui vantent sa loyauté et ses mérites. Un débat s’engage au Parlement, qui réaffirme le droit constitutionnel du prince consort de conseiller la reine.

Les mêmes journaux qui, à peine deux mois auparavant, se répandaient en avanies font volte-face. On peut lire dans le Times une lettre, signée « Juvénal », dont l’auteur n’est autre que John Greville, le greffier du Conseil privé, dénonçant les médisances du Morning Adviser. Le Standard publie une défense du prince, par un certain « D. C. L. », en qui l’on croit reconnaître le politicien conservateur John Beresford Hope. Le Morning Chronicle fait aussi paraître un article anonyme qui est un panégyrique de la loyauté du prince Albert et de son respect de la légalité. À Victoria, qui souhaite en connaître l’auteur, Aberdeen désigne l’actuel chancelier de l’Échiquier, William Gladstone. Enfin, même le très radical Morning Adviser finit par se calmer.

Greville est convaincu que cette scandaleuse affaire a été principalement orchestrée par Palmerston : le Morning Post est notoirement acquis à sa cause. Palmerston avait tout intérêt à ce que son principal adversaire fût ainsi disqualifié dans l’opinion au moment où lui-même faisait pression sur le gouvernement de coalition en jouant de sa démission. Les esprits étant déjà surchauffés par la guerre imminente, le feu s’est propagé avec une ampleur qui a vraisemblablement dépassé les espérances de l’ambitieux ministre de l’Intérieur.

D’autres encore accusent les agents de Napoléon III, lequel a tout intérêt à ce que l’Angleterre ne soit pas une alliée trop tiède contre le tsar. La France a également tout à gagner à affaiblir le penchant de l’Angleterre pour l’Allemagne.

Quoi qu’il en soit, le mal est fait : l’influence et l’assurance du prince Albert sont sérieusement entamées, le poids politique de la Couronne s’en trouve réduit d’autant. Les bellicistes ont d’ores et déjà partie gagnée.

Le parti de la guerre rassemble plusieurs tendances. Il s’y trouve d’abord une vieille garde de tories nationalistes, adversaires d’Albert depuis toujours et jaloux du succès de la Grande Exposition. Ils s’accordent sur ce point avec les radicaux, qui oublient leur pacifisme dès lors qu’il s’agit de combattre le tyran russe et de conspuer la royauté. Cimentant opportunément ces deux tendances, Palmerston et ses partisans whigs jouent un rôle clé.

Face à cette armada composite mais massive, le parti de la paix ne pèse pas lourd. Ce sont essentiellement des libre-échangistes, anciens partisans de Sir Robert Peel du côté des conservateurs libéraux, amis de Richard Cobden dans la famille des whigs. Le prince Albert est leur champion. Il vient de constater, s’il ne s’en doutait déjà, que la guerre et la politique ne s’embarrassent pas de fair-play.

Les circonstances érodent la santé d’Albert. Depuis son arrivée en Angleterre, l’opinion publique l’adule et l’exècre tour à tour.



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