Victor, mon père by Richard Lanoux

Victor, mon père by Richard Lanoux

Auteur:Richard Lanoux [Lanoux, Richard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie, cinéma, Récit - Témoignage
Éditeur: Plon
Publié: 2020-03-11T23:00:00+00:00


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Grande inquiétude quand il nous fallut choisir le prénom de notre premier enfant, avec ma douce. Béatrice était au courant de la tradition chez les Nataf. Au regard des générations passées, une tradition récemment instaurée par Victor, à ma naissance.

Je porte le prénom de mon grand-père, et la logique aurait été que nous appelions notre premier fils Victor, comme mon père. Béa n’avait rien contre, elle aimait beaucoup son beau-père, elle entretenait des rapports très affectueux avec lui, et Victor le lui rendait par un respect absolu. À certains moments, il avait même pris fait et cause pour elle et contre moi. Je me souviens qu’il me disait tout le temps : « Tu travailles trop, reste à la maison, occupe-toi d’elle, pas besoin d’aller à ton bureau pour écrire, regarde, moi, j’écris partout, même sur mes genoux ! » Mais Victor écrivait à la main, c’est moi qui rédigeais tous les scénarios sur mon ordinateur, et, pour maintenir les délais, j’avais bien besoin de m’isoler dans mon studio transformé en bureau, surtout avec l’arrivée de nos enfants dans notre petit appartement.

Dans de si belles circonstances, allais-je devoir affronter le courroux paternel ? Je ne me voyais pas du tout appeler mon fils comme mon père. Nous étions trop proches, sa présence était devenue prépondérante dans ma vie personnelle et professionnelle, et ce double Victor m’aurait rendu totalement schizophrène.

Je pris donc des pincettes pour lui expliquer tout cela, je ne voulais surtout pas le blesser. Et Victor me donna immédiatement sa bénédiction, il comprenait parfaitement, c’est ainsi que quand le bel Abel arriva, toute cette histoire de prénom fut instantanément oubliée et Victor lui trouva un surnom sympa : Bébel.

Bien avant nous, Emmanuelle avait subi la même pression, mais elle s’en était tirée royalement, en mettant au monde Léonilda, puis Angèle, de sa première union avec Titou, puis plus tard Hanaë, avec Olivier, son mari. Mon père était ravi de tous ces bébés filles autour de lui ! J’ai toujours ressenti qu’il était beaucoup plus câlin avec ses filles, mais cela ne m’a jamais gêné car Victor était extrêmement pudique et je l’étais aussi.

Enfant, je n’ai aucun souvenir de câlins paternels ; par contre, à la fin de sa vie, il m’arrivait parfois de lui prendre la main quand nous parlions en tête à tête de choses plus intimes ou douloureuses pour nous deux.



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