Versailles en 50 dates by Histoire de France - Livres

Auteur:Histoire de France - Livres [Livres, Histoire de France -]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire de l'art, France
Éditeur: Le Toto Invisible - GT
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

La dégradation des finances publiques, sous l’effet conjugué de la guerre contre l’Angleterre et des excès du train de vie de l’État, rend de plus en plus aiguë la nécessité d’améliorer la ressource fiscale. Nombreux sont désormais ceux qui évoquent une réunion des états généraux, rassemblant les élus des trois ordres du royaume, le clergé, la noblesse et le tiers état, censés représenter, auprès du roi, l’ensemble du corps social. Ceux-ci n’ont pas été réunis depuis 1614. C’est dire que la monarchie absolue avait pris le parti de s’en passer. Le 8 août 1788, le roi se résigne pourtant à les convoquer pour le 1er mai de l’année suivante. Cette échéance ouvre à travers le pays un large débat qui s’exprime notamment dans la rédaction des cahiers de doléances. Rapidement, le thème de la réforme de l’État y supplante celui des finances publiques. La première revendication concerne la composition et le fonctionnement même des états généraux.

La tradition veut que les trois ordres disposent de représentations identiques et que les votes se fassent « par ordre ». Cela signifie que l’alliance du clergé et de la noblesse forme spontanément une majorité que le vote du tiers état ne peut ébranler. La vivacité du débat, illustrée par la brochure que l’abbé Sieyès fera paraître en janvier 1789, Qu’est-ce que le tiers état ?, conduit, en décembre 1788, Jacques Necker, ministre d’État, à accepter le « doublement du tiers » qui aura donc autant de voix que les deux autres ordres réunis, sans toutefois qu’on aille jusqu’au vote par tête qui, lui, pourrait donner au tiers la majorité.

C’est dans cette configuration que les élus des trois ordres se retrouvent à Versailles au printemps 1789. Les 1 200 députés ne sont pas encore tous arrivés. Pour l’instant, ils sont à peu près 800 à chercher à se loger. Il faut imaginer la marée humaine qui, tel un mascaret, déferle sur la ville. À côté de très grands seigneurs, certes en nombre limité, venus en grand arroi, affluent les membres du tiers qui se sont souvent déplacés avec femme et enfants ainsi que les cohortes de petits curés de campagne. Aucun ne sait combien de temps va durer le séjour versaillais. Le Conseil royal a décidé que la municipalité de Versailles, institution toute récente puisque créée par décret en 1787, facilitera le logement des députés, le gîte et le couvert restant à leur charge. Versailles n’étant pas particulièrement riche en auberges et autres hôtels, il a fallu solliciter les particuliers. Ceux-ci ne semblent pas s’être fait prier, d’autant qu’aucun tarif n’a été fixé et que le conseil municipal a précisé que « les locations seraient faites par mois chez les particuliers, par jour au contraire chez les aubergistes », si bien que bon nombre de députés, tout juste arrivés, s’étonnent des prix exorbitants pratiqués. Certains sont contraints de chercher à se loger ailleurs, en général dans les bourgs situés le long de la route reliant Versailles à Paris. À la cherté des loyers s’ajoute celle des aliments et autres biens de consommation courante.

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