United Colors of Crime by Richard Morgiève

United Colors of Crime by Richard Morgiève

Auteur:Richard Morgiève [Morgiève, Richard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 2355360537
Éditeur: carnetsnord
Publié: 2012-01-11T23:00:00+00:00


Une sirène, une sirène de flic. Dans la cour, pas dans le rêve. Chaim se redresse. La porte s’ouvre. Dallas entre et pose un pantalon sur le lit. Elle se verse quelque chose dans les mains, frotte celles de Chaim dans les siennes. C’est agréable, ça sent bon. Elle ne porte pas de soutien-gorge, ça se voit. Elle sort en s’emparant du pantalon (maculé de peinture noire) que portait Chaim la veille, revient, jette sur le lit un rouleau de billets et dit peu amène : « Plus de mille dollars dans la poche, volés à qui ? »

Elle a pensé à la peinture sur le pantalon et à l’odeur d’essence, ce n’est pas n’importe qui. Elle sait réfléchir. Par la fenêtre Chaim voit l’ombre et l’arrière de la bagnole du shérif. Il est dans les cordes. Il doit jouer la comédie mais ça marchera. Le shérif ne peut rien prouver.

Chaim allume sa cigarette en sortant sur la véranda. Au froid soleil d’hiver, le shérif Nick Corey est assis sur l’aile de sa Chevrolet, moteur en marche, phare rouge allumé, portière conducteur ouverte (on entend la radio sur la fréquence de la police). Juste une nature morte au Texas à l’époque des rois mages. Voyant apparaître Chaim, le shérif le salue d’un mouvement de la tête, il fume lui aussi. Il a les mains tachées de peinture noire… Chaim devine Dallas qui le rejoint silencieuse, il apprécie. C’est précieux d’avoir un allié derrière soi.

Chaim descend de la véranda, s’appuie à la rambarde qui la ferme. À quelques pas de lui, le shérif hoche la tête, se débarrasse de son mégot. Il roule dans la poussière, comme une fin de non-recevoir. Le shérif contemple le pays alentour : « Sacré pays quand même… » Il dévisage Chaim : « T’es d’accord ? »

— C’est sûr, shérif.

— Ça te change de Broadway… Remarque, il s’y passe de drôles d’histoires. Toi tu t’y connais en histoires… Pas vrai ?

— C’est sûr, shérif… La vie en réserve des surprises.

— Comme tu dis…

Chaim se demande comment le shérif Nick Corey va aborder le sujet qui le tracasse, le sujet de la peinture noire. Le shérif hoche la tête et se lance : « Alors… alors cette nuit le vieux Moïse, Moïse Brendon, a entendu la bécane et puis plus rien. Il s’est levé pour se soulager et par la fenêtre il a vu cette voiture noire rouler en silence. La voiture a continué d’avancer jusqu’au moment où elle est rentrée dans le pare-chocs de la Dodge de l’institutrice, un sacré morceau entre nous. »

Chaim a l’impression que le shérif Nick Corey joue le rôle du shérif pour une caméra cachée mais il a les mains noires et les cartes dans ses mains noires.

— Le klaxon de la voiture noire s’est déclenché, une Mercury au fait. Verte d’origine. Quand je suis venu, il y avait un homme mort affalé sur le volant. Je l’ai redressé pour faire taire le klaxon mais j’avais les mains pleines de peinture noire et pas que les mains… De la peinture noire toute fraîche.



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