Une ourse à Lyon by Catherine Desmarais

Une ourse à Lyon by Catherine Desmarais

Auteur:Catherine Desmarais
La langue: eng
Format: epub
ISBN: 978-2-89762-331-9
Éditeur: ÉDitions Michel Quintin
Publié: 2018-04-13T00:00:00+00:00


Le reste de l’avant-midi s’est déroulé sans anicroche, mais nous ne pouvons nier que la jovialité de Berthold a fait une chute d’une hauteur équivalente à celle des escaliers menant à la basilique. Après la visite du monument, nous sommes redescendues pour trouver un endroit où manger. Je soupçonne que l’endroit prévu initialement était la place des fameux bûchers, mais, comme il était maintenant teinté d’un malaise tenace, notre guide a décidé de nous conduire à une autre aire de pique-nique, celle-là beaucoup plus loin. Évidemment, Carolann s’est plainte durant la totalité de la marche, mais, plus le temps avançait, plus d’autres se joignaient à elle. L’euphorie qui avait auréolé notre avant-midi se dissipait peu à peu et il semblerait que j’aie cru bon d'en ajouter une couche.

À un certain moment, en plein milieu d’un escarpement qui donnait du fil à retordre aux talons hauts de Carolann, des lucioles se sont invitées dans mon champ de vision. Immédiatement, un violent étourdissement m’a forcée à m’agripper au muret plusieurs fois centenaire que nous longions. Heureusement qu’Annabelle était en train de me raconter ses velléités de voyage autour du monde, car elle a pu se rendre compte tout de suite que quelque chose n’allait pas et elle m’a attrapée avant que je ne me rompe le cou en faisant une chute spectaculaire.

Évidemment, cet incident a alerté nos deux responsables – même Bruno a eu une réaction – et a fait planer un vent d’inquiétude sur notre journée. Martine voulait m’emmener voir un médecin, alors que Bruno voulait me ramener chez Éléonore, pendant qu’Annabelle avançait mon manque de sommeil comme explication et que Jolianne décortiquait les symptômes des migraines ophtalmiques. Carolann a suggéré que j’étais enceinte, alors que d’autres invoquaient le décalage horaire persistant, ou encore le mal de l’altitude. Berthold, lui, semblait tout simplement emmerdé par cette jeune rousse pro-homosexualité qui n’était même pas foutue de marcher un avant-midi sans s’évanouir.

J’ai réussi à convaincre les deux adultes que j’allais très bien et qu’il ne s’agissait que d’un petit étourdissement de rien du tout dû à la faim. Je savais très bien que l’anxiété était la source de mon malaise, mais je n’avais pas du tout envie d’y penser. C’est donc un peu moi qui ai choisi notre lieu de dîner. Même s’il ne s’agissait pas à proprement parler d’un endroit prévu à cet effet, toutes les filles m’ont été reconnaissantes de mettre fin à notre interminable marche et aux gargouillis de notre estomac.

Après un dîner – ou plutôt un déjeuner – bien mérité, nous avons accueilli la nouvelle de deux heures de temps libre comme l’annonciation du Messie. L’euphorie est donc revenue aussi rapidement qu’elle s’était enfuie. Je commençais à réaliser peu à peu que Manuela avait raison, à savoir qu’il est impossible de prédire ce que le voyage nous apportera et que la seule attitude à avoir est celle de l’ouverture. Moi, j’ai plutôt ce que j’appelle le syndrome de la continuité éternelle, c’est-à-dire que j’ai toujours l’impression que ce qui est vrai maintenant le sera toujours.



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