Une nuit de trop by Patterson

Une nuit de trop by Patterson

Auteur:Patterson
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions de l'Archipel
Publié: 2009-08-15T16:00:00+00:00


61.

Comme je quittais le bureau de Keane, Mike appela sur mon portable.

« Les rats ont quitté le navire ? se renseigna-t-il.

— Ceux qui marchent sur deux pattes, en tout cas.

— Viens me rejoindre au Piper's. Je te paie à déjeuner. »

Il me fallut une vingtaine de minutes pour rejoindre le Piper's Kilt, sur la 231e Rue, à Kingsbridge. Le lieu de prédilection des flics du Bronx et des membres du bureau du District Attorney tenait davantage du bar que du restaurant, mais on y servait de succulents burgers. À 10 h 30, la partie restaurant était vide – ou presque : mon équipier se rencognait dans le dernier box.

Je pris place. Je choquai la canette de Coca Light qui m'attendait sur la table contre sa bouteille de Heineken.

« Comment va la figure ? s'enquit Mike.

— C'est une blessure superficielle, comme tu me l'avais dit, amigo. Et l'audition n'a pas été atteinte. En prime, j'ai le droit d'exhiber ce séduisant pansement. »

Mon collègue sourit. « D'après toi, me demanda-t-il, qu'est-ce qu'ils vont mettre dans leur rapport, les gars des Affaires internes ?

— Je n'en sais rien. J'étais trop occupée à me payer leur fiole pour évaluer objectivement leur comportement. Le pire, c'est que je vais sans doute écoper d'un blâme parce que je n'ai pas suivi la procédure : je n'ai pas appelé l'unité d'intervention d'urgence. Cela dit, le divisionnaire ne devrait pas nous faire trop de misères, vu la vitesse à laquelle on lui a bouclé son enquête.

— Tu as raison. Ça m'était sorti de la tête. » La serveuse nous apporta des cheeseburgers. Les petits pains étaient imbibés de graisse.

« Tu as même commandé du bacon ? fis-je en souriant à mon assiette. Tu n'aurais pas dû.

— C'est bien parce que c'est toi, répondit Mike en levant sa bière.

— Je voulais te remercier, Mike. » Ce burger était extraordinaire. J'ignorais si je le devais à ma récente grossesse, mais j'avais une faim de loup. Je ne m'étais pas autant régalée depuis que j'avais arrêté de fumer huit mois plus tôt.

« Je ne me rappelle pas l'avoir déjà fait. » Je fourrai dans ma bouche un fragment de bacon récalcitrant. « Merci de m'avoir sortie de là.

— Je t'en prie. Je te couvre, tu me couvres. Pour moi, le commissariat se résume à nous deux. C'est comme dans cette pub pour Las Vegas. Ce qui se passe entre nous reste entre nous. Ce qui me fait penser… »

Il reposa sa bouteille pour récupérer une liasse de feuillets sur le siège voisin.

Malgré la lumière chiche du bar, j'identifiai des sorties papier. Le burger que j'étais en train de mâcher se métamorphosa en morceau de carton parfumé au ketchup dès que j'avisai les colonnes et les rangées de numéros.

« J'ai trouvé ça dans le fax hier. La compagnie du téléphone m'a envoyé un double des relevés d'appels de Scott. Je ne sais pas pourquoi. Qu'est-ce que tu dis de ça : il est en tous points semblable à celui que tu as déposé sur mon bureau, à ceci près que ton numéro apparaît partout.



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