Une Histoire sans nom Une Page d'Histoire Le Cachet d'onyx Léa by Jules Barbey d'Aurevilly

Une Histoire sans nom  Une Page d'Histoire Le Cachet d'onyx Léa by Jules Barbey d'Aurevilly

Auteur:Jules Barbey d'Aurevilly
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 8bc8b5151d4adcfbcf5d498197e1a55d8cb00cea
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2015-01-14T16:00:00+00:00


XII

« Écoutez donc mon histoire, qui est une histoire de voleurs et qui remonte à haut, – dit Gilles Bataille ; – car l'Empereur n'était pas encore l'Empereur, dans ce temps-là, ni moi son épicier, – ajouta-t-il avec un reste de fierté impériale ; car l'Empire était si grand qu'il donnait de la fierté même aux épiciers ! – Nous étions donc sous Barras, qui avait pris avec lui Fouché pour sa police. C'était déjà l'homme qu'on a vu plus tard, quand il fut ministre sous l'Empereur ; mais, dans ce temps-là, ce terrible Fouché, placé entre les Jacobins et les Chouans, comme entre deux tirants de Sainte-Apolline, qui tiraient chacun de leur côté, ne pouvait pas s'occuper, quand le Diable y aurait été, – et il y était ! – d'une autre police que de l'infernale police politique du moment, et le Gouvernement passait avant Paris ! Or, vous, Messieurs, qui viviez alors en province ou en émigration, vous ne pouvez pas avoir une idée de Paris dans ce temps-là, du Paris du lendemain de la Révolution, dans lequel elle grouillait encore. Ce n'était plus une capitale. Ce n'était plus une ville. C'était une caverne. C'était une forêt de Bondy. On y assassinait à la nuit, comme on y couchait à la nuit. Les rues sans réverbères – la Révolution en avait fait des potences ! – n'étaient éclairées que dans le quartier du Palais-Royal. Il y fourmillait dans les ténèbres un tas de coquins et de scélérats. C'étaient partout de noirs coupe-gorges. On n'y passait qu'armé jusqu'aux dents, ou plutôt on n'y passait plus.

» Eh bien, une nuit de cet affreux temps-là (j'habitais alors à l'angle de la rue de Sèvres, dans une boutique dont je regarde toujours avec intérêt, quand je passe par là, les barreaux de fer de la devanture, et vous allez savoir pourquoi !), une nuit que j'avais fermé de bonne heure et que je dormais dans une chambre en haut de ma boutique, un bruit singulier me réveilla. C'était un bruit comme de quelque chose qu'on scie, et je me dis : « Il y a des voleurs en bas », et je réveillai mon garçon de magasin qui dormait dans sa soupente, et nous descendîmes tous deux, nos rats-de-cave à la main... Eh ! je ne m'étais pas trompé, c'étaient des voleurs. Ils étaient, en ce moment, occupés à scier le volet, dont ils avaient coupé grand comme deux fois un fond de chapeau quand nous arrivâmes ; et, par ce trou fait dans le volet, une main était hardiment passée et avait empoigné un des barreaux de la devanture, et s'efforçait de le desceller. On ne voyait que cette main... L'homme à qui elle appartenait était caché par le volet et il n'était pas seul ; car j'entendais derrière le volet chuchoter plusieurs personnes qui parlaient très bas. Alors, j'eus une idée ! Je clignai de l'œil à mon garçon, – un garçon d'ici, de Benne-ville, que j'avais chez moi, –



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