Une histoire naturelle de la séduction by Claude Gudin

Une histoire naturelle de la séduction by Claude Gudin

Auteur:Claude Gudin
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 2014-01-14T16:00:00+00:00


Séduire à quatre pattes

* * *

Quand on est un mammifère et qu’on veut faire sa cour à quatre pattes, il n’est pas nécessaire de voir en couleurs. Le chien voit en noir et blanc et s’il distingue le jaune du bleu, c’est parce qu’il fait la différence entre le clair et le foncé. Pourtant, l’abeille voit en couleurs. Oui, mais… pas le rouge. Par contre, elle voit l’ultraviolet. Le chat, le rat et la souris, animaux nocturnes, voient en noir et blanc, de même que le cheval, le mouton ou même le taureau, qui ne voit pas le rouge mais s’irrite du mouvement de la cape du torero. Pas mal de singes voient la couleur, mais certains comme le ouistiti à toupet blanc sont daltoniens. Par contre, l’orang-outang voit la couleur aussi bien que l’Homo sapiens. Pour autant, le mâle ne séduit pas par la couleur, bien que le rouge des parties sexuelles de la guenon à l’époque du rut l’attire irrésistiblement. Il est l’un des rares mammifères à pratiquer l’humour, technique efficace pour les femelles qu’il sait faire rire en faisant le singe. Les travaux de Robert Provine et d’Helen Weems, à l’université de Baltimore, établissent que chimpanzés, gorilles et orang-outangs connaissent le rire.

Par ailleurs, chez les singes, il semble que le mâle ne détienne pas la prérogative de la séduction, ce qui, chez les mammifères, est une rupture. Les femelles s’en mêlent aussi. Christiane Mignault, professeur d’anthropologie à Longueil près de Montréal, montre qu’elles peuvent être homosexuelles ou lascives et n’attendent pas le désir des mâles. Elle établit également que les accouplements ne servent pas qu’à procréer. Voilà de quoi fâcher la papauté. Les macaques s’accouplent fréquemment en dehors des périodes de réceptivité des femelles. Les bonobos, quant à eux, font de leur sexualité un véritable jeu de société où tout est possible en tout lieu et en toute heure. Mais ce ne sont pas des sauvages, ces orgies sont précédées par des invitations de la part des femelles ou des mâles. La séduction n’est pas étrangère à leurs jeux. On passe facilement de l’épouillage à la masturbation réciproque, voire à la fellation du ou de la partenaire, jeune ou vieux. Le bonobo semble le plus proche de l’Homo sapiens. Souvenons-nous que la fellation fut une pratique courante au Moyen ge et à la Renaissance. En particulier, les nourrices calmaient les bébés de cette façon. On dit que Louis XIII en aurait profité si longtemps que l’Histoire en a gardé le souvenir.

Chez les mammifères, faute de couleur, on va se mettre au parfum et jouer à fond des phéromones. La messagerie passe souvent par l’urine, du rongeur à l’éléphant. Le garenne mâle, après avoir tapé du pied, envoie un petit jet d’urine à la femelle pour lui signaler son désir. L’éléphante signale au mâle qu’elle est prête par le même stratagème. Elle émet un acétate linéaire insaturé (le cis-7-dodécénil-acétate) que l’on retrouve aussi chez les lépidoptères – bien qu’on ait rarement vu un papillon mâle courtiser une éléphante.

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