Une certaine Annie by P.j. Vernon

Une certaine Annie by P.j. Vernon

Auteur:P.j. Vernon
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La Martinière
Publié: 2019-05-23T08:20:17+00:00


25

Gray

* * *

Ma chambre d’hôpital était dépourvue de fenêtres. Au-dessus de la porte, une horloge à affichage digital indiquait 18 heures passées. La seule lumière venait des ampoules encastrées dans une rangée de placards sur le mur. Tout transpirait le stérile.

Sur le plateau installé par-dessus mes jambes, dans des boîtes en plastique, des carottes et des petits pois, un yaourt grec et une glace à moitié fondue.

L’infirmier – l’homme qui méprisait les antalgiques – avait insisté pour me laisser le repas.

– Ça vous fera du bien d’avaler quelque chose, avait-il dit en consultant ma fiche médicale. Hypoglycémie, insuffisance pondérale et carence en vitamine B. Le profil typique de ceux qui boivent… beaucoup.

Il avait raison : je manquais de calories, mais l’idée de manger me dégoûtait. Charlotte et Maman étaient parties dîner, et j’avais passé la dernière demi-heure toute seule.

Honnêtement, le yaourt me tentait bien, mais la douleur lancinante dans ma clavicule m’empêchait de l’atteindre. Je ne pouvais pas profiter de l’amplitude de mouvement que me laissait mon bras en écharpe à cause de la douleur. De toute façon, il n’aurait servi à rien d’appeler cet infirmier-là pour lui demander d’augmenter ma dose d’antalgique. Un comprimé toutes les quatre heures, point final.

Mes pensées furent interrompues par des murmures de l’autre côté de la porte. La poignée tourna et je fermai les yeux. La seule solution était de faire semblant de dormir.

Au bruit des talons, je compris que mon visiteur n’était ni infirmier ni médecin. Maman et Charlotte n’étaient pas parties assez longtemps. Et pas question pour Maman d’aller dans un fast-food. Elles avaient dû trouver un endroit sympathique où prendre un bon repas.

De plus, je n’entendais qu’un seul bruit de pas résonner sur le carrelage. Peut-être qu’il s’agissait d’un agent administratif. Pour des histoires de mutuelle, par exemple. La personne s’approchait de moi et j’avais de plus en plus de mal à garder les yeux fermés. Plus je serrais les paupières, plus elles papillotaient.

Me parvint l’odeur d’une eau de toilette, aussi chère que celle de Paul mais différente. Et derrière, une odeur de musc. L’odeur d’un homme qui a passé la journée au bureau. Un mélange de sueur, de vétiver et de salle de réunion.

J’ouvris les yeux et mon cœur s’arrêta de battre. Debout à mes côtés se tenait mon cousin.

Matthew.

Je sentis mes joues s’enflammer et la bile me monter dans la gorge.

Il portait un costume sombre à petits carreaux. Ses cheveux, bien entretenus, tombaient en boucles autour de son fameux nez romain.

– Bonjour, Gray, dit-il en déposant sur le plateau un bouquet de tulipes jaunes assemblées dans un vase en verre. Je suis désolé de ce qui t’arrive, ajouta-t-il en déposant sa carte de visite à côté du cristal sculpté.

Impossible d’ouvrir la bouche. Je me sentais tétanisée, et j’avais le menton qui tremblait, sans parler de mes mains cachées sous la couverture.

C’était un cauchemar. Ça ne pouvait pas être vrai. Mais le réveil vous permet normalement d’échapper aux menaces, de revenir dans un endroit où vous vous sentez en sécurité.

– Après tout ce qui s’est passé, Paul, tout ça… Pas de chance.



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