Une année à Treblinka by Jankiel Wiernik

Une année à Treblinka by Jankiel Wiernik

Auteur:Jankiel Wiernik [Wiernik, Jankiel]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-03-16T16:00:00+00:00


PREHISTOIRE DU NEGATIONNISME : LA MANIPULATION DES TEMOIGNAGES

Il n’y aura bientôt plus de témoins gênants, à l’encombrante mémoire.

Jorge Semprun, Le Mort qu’il faut, 2001.

En février 1966 paraissait la 237ᵉ livraison des Temps Modernes, la revue de Jean-Paul Sartre. À son sommaire : « Treblinka », un article écrit par Jean-François Steiner.

Quelques semaines plus tard, début mai, les éditions Fayard publiaient un volume de 395 pages du même auteur : Treblinka. La révolte d’un camp d’extermination, avec une préface de Simone de Beauvoir. Le livre allait provoquer une controverse durant plusieurs mois, la caution que lui apportait Simone de Beauvoir ne suffisant pas à interdire toute discussion.

Quelles étaient les raisons qui avaient pu conduire Simone de Beauvoir à préfacer le texte d’un jeune auteur, 103 plutôt journaliste et ancien parachutiste en Algérie104 ? Pour le comprendre, il faut revenir à son texte qui s’ouvre par une interrogation assez maladroite, dont elle ne revendique pas la responsabilité puisqu’elle l’attribue à de jeunes Israéliens : «“Pourquoi les Juifs se sont-ils laissé mener à l’abattoir comme des moutons ?’’ se sont demandé avec indignation les jeunes Sabras d’Israël au moment du procès Eichmann 105. »

Tout en rejetant une « psychologie à quatre sous » dont le livre de Steiner aurait fait justice, la philosophe tente de répondre à cette question en mobilisant son « marxisme » primaire : « La collusion avec les Allemands des notables juifs constituant les Judenraten est un fait connu qui se comprend aisément ; en tout temps et tous pays – à de rares exceptions près – les notables collaborent avec les vainqueurs : affaire de classe. »

L’allusion aux Conseils juifs renvoie aux débats polémiques et parfois violents qu’avait soulevés l’interprétation d’Hannah Arendt dans son reportage sur le procès Eichmann, paru à l’origine dans le New Yorker en 1963, livre alors en cours de traduction, en 1966, paru aux éditions Gallimard dans une collection dirigée par Pierre Nora, « Témoins », dont il fut le volume inaugural 106.

Comparant la situation des déportés de Treblinka à celle des ouvriers, Beauvoir avance qu’il faut, pour qu’une révolte prenne corps, qu’un groupe se forme et prenne l’initiative de l’organiser. En revanche, « l’habileté des Allemands a été de sérialiser les Juifs et d’empêcher le passage de ces séries à des groupes », ajoutant que, « prévoyant la soumission des autres, chacun se résignait à se soumettre comme eux ». Même si elle sous-estime grandement la violence, dans la pluralité de ses formes, employée pour obtenir cette soumission, elle remarque que les « hommes de Treblinka étaient des civils que rien n’avait préparés à affronter une mort violente, et le plus souvent atroce. […] Ils n’avaient pas le temps d’inventer des formes de résistance ». Elle ajoute : « Le miracle est que certains d’entre eux y soient tout de même parvenus et qu’ils aient réussi à rallier tous les prisonniers. »

Parallèlement à cette reconnaissance du caractère exceptionnel de la révolte des prisonniers de Treblinka, Simone de Beauvoir dit son admiration : «



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