Un souffle venu de loin by Estelle Beauchamp

Auteur:Estelle Beauchamp
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782894235041
Éditeur: Prise de parole

«Confier mes ennuis à maman? Elle comprendrait bien sûr, elle qui a connu une absence définitive, elle me secouerait, me conseillerait en riant (sérieusement?) de prendre un amant et de faire pâtir ce Jean-Noël trop idiot pour apprécier sa femme.»

Ces dernières années, les voyages de Jean-Noël se sont succédé à un rythme plus fréquent. Il semble indifférent de partir, presque ennuyé de revenir. Lorsque Clara a pris conscience du changement d’attitude de son mari, sa mère avait déjà subi une première session de chimiothérapie. Depuis la réapparition du cancer, il n’est pas question d’ajouter à ses tourments. Il se pourrait que les préoccupations de Clara au sujet de Mirka l’aient rendue moins présente à son mari. Il devrait comprendre! Elle a toujours senti un fond d’égoïsme chez lui. Elle lui en veut.

Elle n’a que Sophie et sa tante Marion sur qui compter. Mais avec le temps, malgré qu’elles aient été élevées ensemble, Sophie et Clara sont devenues deux sœurs qui s’aiment à distance. Chacune ses activités, ses préférences. Sophie trime fort comme prof de maths, étudie ou fait un peu de musique dans ses temps libres, voyage pendant les vacances, parle peu d’une vie amoureuse épisodique et aride. Quant à tante Marion, aussitôt à la retraite, elle a dû soigner mamichou à la suite d’une deuxième attaque cérébro vasculaire qui l’a finalement emportée. Et elle n’est pas au bout de ses soucis: la santé d’oncle Robert l’inquiète, ainsi que les imprévisibles aventures de son fils Simon empêtré dans ses mariages et divorces successifs. Marion subit elle aussi le choc du cancer de Mirka. Lorsqu’elle téléphone à Clara, la maladie est devenue leur centre d’intérêt. Il reste peu de place pour leurs états d’âme.

Depuis les premiers signes de cancer, Clara s’est rapprochée de sa mère. Mais, lorsque la maladie s’installe, les relations entre le malade et son entourage perdent leur spontanéité. On n’ose plus froisser ni troubler, chacun mentant pour protéger l’autre. Le soignant évite les sujets épineux, développe des stratégies, encourage mine de rien, s’adresse à un tiers : « Nous avons fait une longue promenade aujourd’hui, nous sommes allés bien plus loin qu’hier.» Le malade manipule : « Sois tranquille, je ne bougerai pas d’ici. » Personne n’est dupe, chacun se surveille.

Est-ce la maladie? La crainte de mourir sans avoir accompli son destin? Ces derniers temps, Mirka, si secrète sous ses dehors dynamiques, a commencé à révéler des détails de son passé. Clara sait que sa grand-maman était la mère adoptive de Mirka. Que celle-ci, réfugiée de guerre, est arrivée à Montréal à l’âge de sept ans. Comme dans toute famille, il existait chez les Dumouchel un folklore de références aux souvenirs d’enfance : les gâteaux ratés, les vacances à la campagne, les courses dans les champs et les omelettes de tante Clémence. De petits drames s’étaient transformés en anecdotes dont on badinait : la fugue de Mirka qui, pieds nus, avait suivi « un joli chat », la photo dans laquelle Marion se tient le plus loin possible d’une pourtant paisible vache, même le papillon tatoué à l’orée de la poitrine.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.