Un silence brutal by Ron Rash

Un silence brutal by Ron Rash

Auteur:Ron Rash [Rash, Ron]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2072828627
Google: VmONDwAAQBAJ
Éditeur: Gallimard
Publié: 2019-03-19T23:00:00+00:00


À notre arrivée, nous trouvâmes le vieil homme assis sur sa galerie, une tasse de café à la main. Il portait la même chemise que sur la vidéo. Il sourit et se leva.

« Ma foi, si je m’attendais à une visite de vous autres ce matin ! »

Je m’immobilisai au pied des marches, Becky, elle, monta se planter à côté de lui. Elle tremblait mais il ne parut pas le remarquer. D’un petit signe de tête, il montra l’hélicoptère qui vrombissait au-dessus de la crête.

« Il cherche de la drogue, faut croire. Venez poser vos fesses sur une chaise, shérif. J’ai assez de café pour nous trois.

— Finissez donc le vôtre. Nous devons aller au tribunal, vous et moi.

— Et pourquoi donc ? voulut-il savoir, la tête légèrement penchée, les sourcils froncés.

— Ce n’est qu’un malentendu, lui assura Becky en saisissant sa main libre. Quelqu’un a versé du pétrole lampant dans Locust Creek et tué plein de truites.

— Dans le parc ? s’enquit Gerald.

— Non, répondit Becky. Sur la propriété de Tucker, au-dessus de la cascade.

— Et ils croient que c’est moi ? demanda Gerald au bout de quelques instants.

— Vous êtes sur une vidéo, Gerald, lui signalai-je. Allons-y, maintenant.

— Moi, je n’ai jamais rien flanqué dans cette rivière, bredouilla-t-il.

— Je le sais », dit Becky, qui avait posé son autre main sur l’avant-bras du vieil homme. « Ce sera vite tiré au clair, promis. »

Gerald laissa échapper sa tasse. Du café éclaboussa la galerie, mais la tasse ne se cassa pas.

« Becky, reprit Gerald en secouant la tête, jamais je leur aurais fait de mal, moi, à ces truites. Tu le sais. »

L’hélicoptère avait dû repérer ma voiture de patrouille, car au moment où je montai sur la galerie il vint frôler le dernier rideau d’arbres, souleva de la poussière et fit claquer nos vêtements.

« Il faut y aller », criai-je.

Je m’avançai et pris Gerald par l’autre bras. Becky et moi l’aidâmes à descendre les marches tandis que le sable volait, nous piquait les yeux. Le nuage brun s’épaissit, s’enrichit de brindilles et de petits cailloux. Un sac en plastique vint battre contre ma jambe avant d’être emporté par une rafale. En toussant, Becky et moi guidâmes Gerald d’une main tandis que de l’autre nous nous protégions les yeux. Il trébucha et manqua nous faire tomber tous les trois. L’hélicoptère continua à descendre comme s’il voulait tirer le ciel sur nos têtes.

J’ouvris la portière arrière, puis aidai Gerald à s’asseoir. Il donna alors une grande tape sur la poche de sa chemise et Becky grimpa tant bien que mal sur la banquette arrière. Elle lui soutint délicatement le menton pour sortir le flacon de comprimés glissé dans la poche de sa salopette, l’ouvrit, lui fourra un cachet dans la bouche, puis encore un autre. Elle avait le visage poudré de poussière et des larmes dessinaient maintenant de pâles rigoles le long de ses joues. Je me mis au volant, branchai la rampe bleue lumineuse, et pris en trombe la direction de l’hôpital.



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