Un printemps de braises by Alain Leblanc

Un printemps de braises by Alain Leblanc

Auteur:Alain Leblanc [Leblanc, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: French Pulp Éditions
Publié: 2014-03-11T16:00:00+00:00


Les jours suivants, elle tâcha d’oublier ses interrogations pour mettre les bouchées doubles et reprendre ses études en main. Elle les avait négligées ces dernières semaines et n’avait obtenu aux partiels de décembre qu’un treize de moyenne ; elle était décidée à aborder le deuxième trimestre avec plus de sérieux. Plusieurs fois par jour, Vivien l’appelait à la cité. Elle n’avait pas voulu évoquer au téléphone les accusations dont il faisait l’objet et se contentait de lui résumer le contenu des cours auxquels il ne pouvait assister. Chaque soir, elle lui postait les polycopiés des cours magistraux. Et lorsqu’il la joignait, elle lui développait les points qui lui semblaient obscurs. Le premier jour, ses voisines de chambre se précipitaient dans le couloir dès que la sonnerie retentissait. Maintenant elles ne se donnaient plus cette peine. Devinant que c’était pour elle, elles ne se déplaçaient plus. Laura avait toujours le même petit pincement au son de sa voix. « Allô, ma douce, c’est moi. » Elle attendait son coup de fil avec un mélange d’impatience et de culpabilité. Elle avait renoncé à l’alerter avant d’être éclairée sur les griefs qu’on lui reprochait et le ressentait comme un manquement à son égard, une manière de trahison.

« Je te sens loin », dit-il ce soir-là. Il attribuait cette impression confuse à la séparation. « Je ne peux pas parler librement, chuchota Laura dans l’appareil. Tout le monde m’entend. – J’espère que tu t’ennuies sans moi. – Tu viens me chercher quand ? – Samedi. J’ai encore des radios à passer vendredi. – Ils n’ont rien trouvé ? – Une fêlure sur le nez. Ils m’ont collé un pansement pour ressouder la cloison. J’ai une tronche à faire peur, la figure de toutes les couleurs. Je n’ai pas intérêt à mettre le nez dehors, c’est le cas de le dire. Sinon, tous les regards se braqueront sur moi. » Il proposa de venir la prendre à la cité. Laura ne tenait pas à ce qu’on le vît traîner dans les parages des locaux de l’UNEF. Elle devait rendre des ouvrages à la bibliothèque et lui fixa plutôt rendez-vous dans le hall, devant la librairie.



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