Un Pouls dans la tête by Magro Marc

Un Pouls dans la tête by Magro Marc

Auteur:Magro, Marc [Magro, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: First
Publié: 2016-12-14T23:00:00+00:00


Les Renoueurs du Roy

Une nouvelle race de chirurgiens

Au début du xviiie siècle, la reconnaissance de la chirurgie comme activité médicale est loin d’être évidente. Les chirurgiens restent des manuels, et les médecins des intellectuels qui bénéficient en plus du titre très respectable de « docteur ».

Regroupés pour certains en confrérie depuis plus de quatre siècles (l’Ordre de Saint-Côme date de 1268), les chirurgiens ont fait l’effort d’enseigner leur art en latin à leurs élèves pour gagner en crédibilité auprès des médecins qui enseignent eux aussi en latin dans les universités. Des rapprochements ont été tentés, comme à Montpellier, où un tronc commun des études a été rendu possible. Mais au cœur des rivalités et des revendications incessantes, Louis XV décide en 1743 d’établir une égalité hiérarchique entre chirurgiens et médecins, même si les chirurgiens ne sont toujours pas docteurs en médecine.

Au-delà de la création de plusieurs écoles pratiques de chirurgie à Paris et dans les grandes villes, le texte fixe le cadre juridique d’exercice de la chirurgie (obtention d’une maîtrise, examens devant les pairs) en le séparant clairement de celui des barbiers. De quoi s’agit-il ? Depuis le Moyen ge, les frontières entre barbiers et chirurgiens sont restées floues, malgré une série d’édits royaux qui ont tenté de réglementer ces métiers. En pratique, beaucoup de barbiers ne se contentent pas de raser, de couper les cheveux, mais exercent la petite chirurgie avec les instruments tranchants qu’ils possèdent. Ouverture d’abcès, incision d’anthrax, fermeture de plaies, arrachage de dents, saignées, pansements sont ainsi réalisés dans leur échoppe. Mais ces barbiers-chirurgiens ne sont pas seuls sur le marché. La fameuse confrérie de Saint-Côme, qui a vu le jour sous Louis IX, forme depuis des années des maîtres-chirurgiens spécialisés dans l’opération de la taille vésicale (extraction de calcul de vessie), de certaines amputations, trépanations, fistules abdominales, ligatures de varices ou d’artères et exérèses de tumeurs diverses dont celle du sein. Alors, lorsqu’en 1743, le titre de chirurgien est définitivement séparé de celui de barbier (après la première tentative officielle de Louis XIV en 1691), c’est pour la profession une grande victoire. Dorénavant, le barbier est prié de se réserver aux rasages et aux capillaires.

Une situation au poil pour les chirurgiens, si ce n’est qu’un nouvel intrus apparaît : le renoueur. Qui est-il, que veut-il, qu’obtient-il ? Le renoueur est aussi connu sous le nom populaire de « rebouteux » (celui qui remet bout à bout). Quand ce n’est pas un charlatan, il est fort apprécié des gens du peuple et même de la cour des rois. De François Ier à Louis XIV, tous en ont au moins un à leur service. Par conséquent, le renoueur est jalousé des médecins qui le critiquent vivement pour son manque de formation académique. Classé dans la catégorie des manuels et donc des pseudo-chirurgiens, son efficacité et sa réputation dans l’urgence font de lui un homme particulièrement habile pour les bandages, les contentions, le traitement des luxations et entorses, l’emploi d’onguents et de pommades de sa composition. Il semble que dès son plus jeune âge, le futur rebouteux est préparé au maniement des articulations.



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