Un pont sur la Loire (Vermillon) (French Edition) by Frédéric H. Fajardie

Un pont sur la Loire (Vermillon) (French Edition) by Frédéric H. Fajardie

Auteur:Frédéric H. Fajardie [Fajardie, Frédéric H.]
Format: epub
Éditeur: Editions de la Table Ronde
Publié: 2006-08-14T22:00:00+00:00


14

L’oberst Kapler piaffait d’impatience. Après le tir français, l’ordre était venu d’attendre pour poursuivre la marche en avant. Pourtant, les 155 G.P.F. détruits, plus grand-chose ne pouvait freiner son avance vers le pont.

Un pont !… Prendre un pont disputé par deux armées, du point de vue d’une carrière militaire, c’est un haut fait, apprécié comme tel par la hiérarchie.

Il se détendit légèrement, suivant du regard les dernières croix de bois qu’on fichait en terre, les casques posés sur les tertres, le drapeau à croix gammée étalé sur le sol et retenu par quelques pierres marquant ainsi l’emplacement du cimetière provisoire où gisaient trente-quatre de ses soldats.

Des camarades des morts disposaient quelques fleurs pendant que des chars repoussaient sur les bas-côtés de la route les épaves de camions et de panzers incendiés.

L’oberst s’impatienta de nouveau lorsque le leutnant Bamberg, la tête inclinée, dit quelques mots.

— Charabia en latin ! murmura-t-il à l’adresse du hauptmann Hipper.

Celui-ci approuva aussitôt :

— Des singeries, herr oberst !

Kapler songea que ce Hipper, décidément, était un homme de bonne compagnie puis il regarda sa montre : la remise en ordre de bataille du kampfgruppe Kapler allait pouvoir commencer en attendant de recevoir l’ordre d’attaquer.

— S’il a emmené l’autre petite salope polonaise, c’est qu’il va revenir ! lança Haudrusse, pharmacien et premier adjoint.

— Pas nécessairement, observa Gollety, avocat et conseiller municipal, qui ajouta : Imaginons… un écrivain, c’est toujours intéressant, c’est Paris, les grands restaurants, la gloire, est-ce que je sais ?… Peut-être l’aime-t-elle en se pâmant d’admiration, peut-être se dit-elle que c’est un beau parti mais, dans les deux cas, elle se doute bien qu’il ne s’établira jamais à Chessy-sur-Loire…

— On n’en veut pas à Chessy, de ce salaud ! coupa Haudrusse.

Ignorant l’interruption, Gollety reprit :

— Pourquoi ne pas foncer vers le sud avec son grand homme ? Ils ont un bon véhicule, cette espèce de camion chenillé avec lequel ils peuvent passer partout. Et puis n’oubliez pas qu’elle n’avait pas l’air très liée à son mari.

— C’est pas une femme, ça, c’est une putain ! coupa Haudrusse.

Gollety lui jeta un regard plus désolé qu’énervé et poursuivit :

— Rien ne la retient. Alors si elle ne revient pas ?

Haudrusse sursauta, comme si la perspective de ne plus revoir Mme Thorn lui était insupportable. Puis :

— Elle reviendra à cause de sa maison. Elle va juste en campagne pour une partie de jambes en l’air avec son vieux dégueulasse.

— Vieux dégueulasse qui a votre âge, cher ami ! remarqua Gollety.

Labarthe, entrepreneur de pompes funèbres et maire de la commune, claqua ses fortes mains :

— Messieurs, voyons !… Tout cela est beaucoup plus simple : ou ce type, l’écrivain, est parti vers le sud en emmenant Mme Thorn, et les autres s’en apercevront vite, ou bien il revient et nous l’interceptons. C’est facile à comprendre : ceux du pont savent qu’ils peuvent prendre place dans l’engin à chenille et sa remorque et ça leur donne de l’assurance. Comment est-ce que je pourrais vous expliquer cela ? Eh bien pour eux, la route du sud est ouverte en permanence.



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