Un passé meurtrier by Kate Aaron

Un passé meurtrier by Kate Aaron

Auteur:Kate Aaron [Aaron, Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier et mystère
Éditeur: Reines-Beaux
Publié: 2019-01-27T23:00:00+00:00


Chapitre 10

— Je ne veux pas de thé, dit Hugo alors que la bouilloire de nouveau remplie commençait à siffler.

Il la souleva du brûleur et éteignit le gaz.

— Et toi ? J’ai quelque chose de plus fort, si tu préfères.

— Tu bois ?

Tommy avait l’air quelque part entre incrédulité et délice. Il sourit et éventa la fumée de la cigarette qu’il avait allumée.

— Parfois.

Hugo lui fit un petit sourire à son tour.

— Quand il y a une occasion.

— Et c’est quoi, notre occasion ? demanda Tommy.

Ses lèvres frémissaient d’amusement.

— Choisis une raison.

Hugo prit deux petits verres sur une étagère et les plaça sur la table après avoir poussé le lait et le sucre de sa manche. La bouteille de lait se balança dangereusement mais ne se renversa pas.

— Un nouveau cadavre, être interrogé comme un vulgaire criminel, être menacé par un inspecteur de police. J’ai du whisky, du brandy… ?

— Du whisky, ce sera bien, dit Tommy avec un signe approbatif.

Satisfait, Hugo alla prendre dans sa cachette au fond du garde-manger une bouteille de Single Malt qui n’avait pas été ouverte.

— Je gardais celle-ci, dit-il en retirant le bouchon.

L’arôme tourbeux du liquide ambré s’éleva alors qu’il remplissait leurs verres.

— C’est mon préféré.

Tommy prit son verre et fit tournoyer le whisky en regardant la liqueur chaude osciller contre le verre.

— Ça serait dommage de boire par colère, dit-il en prenant une bouffée de tabac.

Hugo huma longuement son verre, le savourant par anticipation.

— C’est vrai, acquiesça-t-il.

— Alors à quoi buvons-nous ?

Hugo réfléchit un moment avant de lever son verre pour porter un toast, le seul qu’il pouvait prononcer dans cette situation.

— Aux nouveaux amis.

Un lent sourire s’étala sur le visage de Tommy et éclaira ses yeux sombres jusqu’à ce que le marron qui s’y trouvait luise.

— Aux nouveaux amis, répéta-t-il en entrechoquant son verre contre celui de Hugo.

Il ne le quitta pas des yeux tandis qu’ils buvaient.

Le whisky était bon, fort et riche avec des notes profondes et terreuses, et un soupçon de douceur due à la maturation en fûts de chêne. Il laissa une traînée enflammée dans l’œsophage de Hugo et fit chauffer le creux de son ventre. Les deux hommes émirent des grognements d’appréciation. Tommy dégagea la chaise d’en face de sous la table et Hugo s’y assit.

Tommy sourit par-dessus le rebord de son verre en prenant une seconde gorgée. Hugo le regarda, l’affection le disputait au whisky dans son ventre et électrisait ses nerfs. Il suivit le mouvement du bras de Tommy, ses doigts fins, la façon décontractée avec laquelle il fit tomber la cendre de sa cigarette. La fumée s’éleva en volutes dansantes entre eux.

— Il me fallait ça, avoua Tommy en contemplant le contenu de son verre.

— Oh ? demanda Hugo.

Il n’y avait pas réfléchi quand il l’avait proposé, mais il avait entendu parler d’hommes qui utilisaient la boisson comme soutien, trop hantés par leurs souvenirs de la guerre pour rester sobres. Cliff Fletcher, le fils du boucher, était parti comme ça, d’après la rumeur. Hugo s’aperçut qu’il n’aimait pas l’idée que Tommy soit lui aussi un ivrogne triste.



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