Un parfait témoin by J. B. Livingstone

Un parfait témoin by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, Policier
Éditeur: du Rocher
Publié: 2017-03-26T00:00:00+00:00


CHAPITRE XVII

Quand Higgins pénétra dans le bureau de Scott Marlow, le superintendant se battait avec une pile de dossiers administratifs plus urgents les uns que les autres. Débordé, il n’avait dormi qu’une petite heure et souffrait d’une forte migraine que n’avait pas dissipée un café corsé.

— Bonjour, mon cher Marlow, dit un Higgins au teint reposé, vêtu d’un élégant blazer bleu nuit et d’une flanelle anthracite de chez Trouser’s.

— Vous avez l’air en pleine forme.

— L’influenzinum de chez Nelson’s me permet d’éviter les conséquences fâcheuses des miasmes londoniens, et des marches soutenues empêchent mon genou gauche de se rouiller. Vous devriez sortir plus souvent de votre bureau, superintendant ; ne manquez-vous pas un peu d’exercice ?

— Les formulaires se compliquent chaque jour davantage ! Y faire face devient un exploit.

— Vous avez toute ma sympathie, mon cher Marlow.

Le superintendant repoussa la pile de dossiers.

— En avez-vous terminé avec vos vérifications, Higgins ?

— Pas tout à fait.

— Auriez-vous découvert… un indice contradictoire ?

— Rien de décisif, mais quelques éléments troublants.

— Suffisants pour remettre en question la culpabilité de Drusilla Wharton ?

— Vous répondre dans un sens ou dans l’autre ne serait pas sérieux ; pourriez-vous retrouver au plus vite la trace d’un industriel nommé Alec Sherfield ?

— Bien entendu… Mais quel rapport avec l’assassinat de lady Anna-Lisa ?

— Je ne sais pas encore.

*

* *

Higgins avait retracé à son collègue l’essentiel de ses investigations de la veille, mais avait omis de lui préciser qu’il avait obtenu un rendez-vous avec l’un des principaux responsables des services secrets britanniques, un homme grand, froid et sec qu’il avait eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises lorsqu’il était en fonction à Scotland Yard.

Le haut fonctionnaire occupait un bureau austère, très dépouillé ; au mur, une carte du monde très agrandie. Sur une table en marbre, trois téléphones.

— Que devenez-vous, mon cher Higgins ?

— Je jouis d’une paisible retraite.

— Pas si paisible, puisque vous voilà de nouveau assis devant moi.

— Rien de dramatique, rassurez-vous.

— Je ne suis pas tellement rassuré ; nos précédentes entrevues m’ont démontré que vous possédiez un caractère obstiné, peu préoccupé des conventions et capable de bousculer des interdits.

— Uniquement dans l’intérêt d’une enquête.

— En oubliant parfois celui des services auxquels j’appartiens.

— La vérité ne doit-elle pas être préférée à nos intérêts particuliers ?

— Si nous sortions des généralités ?

— Vous avez probablement appris le meurtre de lady Anna-Lisa.

— Je ne suis pas la rubrique criminelle au jour le jour.

— Elle était l’épouse d’un héros de la Grande Guerre, le colonel George Schipper.

— Une figure presque légendaire ; le malheureux doit être brisé.

— Il réagit en militaire, avec beaucoup de dignité.

— On n’en attend pas moins d’un grand soldat ; l’assassin n’a-t-il pas été arrêté ?

— En effet.

— Voilà donc une enquête close et bien close.

— D’une certaine manière.

— Pourquoi cette restriction ?

— Parce que j’ai la faiblesse d’envisager d’autres possibilités. C’est votre droit, inspecteur, à condition de vous appuyer sur des preuves.

— Avant les preuves, il y a les indices.

— La technique policière est certainement du plus haut intérêt, mais cette triste affaire ne me concerne pas.



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