Un môme sans illusion by Pierre Nemours

Un môme sans illusion by Pierre Nemours

Auteur:Pierre Nemours [Nemours, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: French Pulp Éditions
Publié: 2014-06-18T16:00:00+00:00


À 8 heures, Fabien Lefèvre dort encore du sommeil de l’innocence lorsque des pas lourds gravissent l’escalier. Marie-Claude se félicite d’être prête, impeccable dans son uniforme, même si la jupe réclame un coup de fer et la veste un coup de brosse.

Quelqu’un fourgonne un instant sur le palier, et la clef tourne dans la serrure. La porte s’ouvre et Marie-Claude se trouve nez à nez avec un homme en blouse grise, le visage dissimulé par l’inévitable cagoule de laine.

La blouse, la jeune femme la reconnaît. C’est celle du type qui trafiquait la fourgonnette, dans le bois de Boulogne. Elle reconnaît également la cagoule, à un accroc sur le côté gauche : la nommée Muriel la portait, la veille, pour ravitailler les captifs.

L’homme a poussé la porte du pied. De taille moyenne, mais avec une nette tendance à l’embonpoint, il menace Marie-Claude de son flingue. Sur le sol, à ses pieds, un plateau avec une cafetière, deux bols et une baguette de pain.

— Baisse-toi, ramasse le plateau et ne fais pas de conneries, ordonne-t-il en descendant de deux marches afin de prendre du recul.

Visiblement, il a décidé de ne courir aucun risque, instruit sans doute par la tentative de Marie-Claude, la veille. Mais il ne peut éliminer son accent méridional, qui roule dans sa bouche et sonne comme l’écho d’un marché de Provence.

La jeune femme obéit, prend le plateau, va le poser sur la table. L’homme remonte ses deux manches, entre dans la chambre, soupçonneux.

— Et le gosse ?

— Il dort encore. Je vais le réveiller pour le petit-déjeuner.

— Y a pas le feu, dit le cagoulard. Pendant ce temps-là, tout le monde est tranquille.

— Mais, proteste Marie-Claude, c’est aujourd’hui que vous nous libérez, n’est-ce pas ?

Elle s’attache à gagner du temps, à le faire parler. Il se contente de hausser les épaules :

— Ça, ma beauté, je n’en sais rien. Ça ne dépend pas de moi.

À travers les fentes de la cagoule, elle voit ses yeux briller. Il est en train de la déshabiller, littéralement.

— Moi, je te garderais bien encore un peu. T’es plutôt chouette, tu sais. Elle lui fait le coup du mépris :

— En somme, vous n’êtes au courant de rien. Vous, vous n’êtes que le larbin.

— Eh dis donc ! se rebiffe-t-il. Fais un peu gaffe à qui tu causes. Si tu veux ma main sur la figure, ça ne te coûtera pas un rond… Le reste non plus, ajoute-t-il avec un gros rire.

Fabien choisit ce moment pour se réveiller, bâille, se frotte les yeux, ajuste sa vision à son environnement, fait effort pour reprendre le fil des événements où il l’a laissé, et se dresse dans le lit.

— Salut, môme, fait l’homme du Midi, qui est du genre jovial.

Puis, sans attendre de réponse, satisfait d’avoir vérifié la présence du jeune prisonnier, il conclut, à l’adresse de Marie-Claude :

— Peut-être qu’on se retrouvera un jour, beauté. Si tu as du vague à l’âme, je pourrai toujours faire quelque chose pour toi.

Il souligne le propos d’un gros rire, tire la porte sur lui.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.