Un homme comme tant d'autres Tome 2--Monsieur Manseau by Bernadette Renaud

Un homme comme tant d'autres Tome 2--Monsieur Manseau by Bernadette Renaud

Auteur:Bernadette Renaud [Renaud, Bernadette]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782764424377
Éditeur: Les Éditions Québec Amérique
Publié: 2013-03-27T16:00:00+00:00


8

Quand Charles l’apprit, il eut mal. Mal en dedans de lui – mal pour Philippe. Mais il ne sut comment accueillir cette douleur.

– Quand veux-tu qu’on aille chez tes parents? demanda tristement Imelda.

Charles finit son thé.

– Qu’est-ce qu’on va aller faire là? Il va déjà y avoir plein de monde, on va embarrasser pour rien.

Imelda ravala l’exclamation spontanée qui lui était venue.

– C’est ton frère, dit-elle simplement d’un ton qui se voulait neutre.

Elle n’osa formuler sa pensée: «Il a besoin de toi! » Elle était bouleversée, incapable de comprendre une telle attitude. «Il a du cœur, pourtant. Pourquoi il fait toujours semblant de rien ressentir?» Elle voulait insister, mais elle savait qu’il le prendrait mal. Les attitudes contradictoires de son mari déroutaient la femme aux manières simples et franches. Elle chercha une raison pour le justifier et n’en trouva qu’une, qui, dans les circonstances, n’expliquait rien. «C’est sa famille à lui.» S’il ne voulait se rendre chez les Manseau que la veille des funérailles de sa belle-sœur Louise, c’était à lui de décider. Et elle fit taire sa mémoire qui lui rappelait qu’aux fêtes qui avaient suivi leur mariage c’était lui qui avait décidé de ne pas recevoir son frère et sa sœur à elle. Le silence de Charles se prolongeant, elle alla bercer le petit Wilfrid.

Son fils avait sept mois déjà; il n’était pas un enfant pleurnichard et elle le catinait à son aise, seule avec lui de nombreuses heures puisque Marie-Louise était entrée à l’école en septembre. Elle berça le bébé et eut une pensée de tendresse pour les deux petits orphelins que Louise laissait.

Deux jours plus tard, Charles retarda le moment de leur départ sans en avoir prévenu Imelda à l’avance. Elle en fut contrariée, car elle était déjà endimanchée et s’était fatiguée inutilement à expédier tant de besognes à la course.

– Faut que je passe à la forge pour faire vérifier un patin de la sleigh. On peut pas risquer d’avoir des problèmes en chemin.

Elle s’irrita encore plus. Tout cela ne lui semblait qu’un prétexte et elle s’en chagrina pour son beau-frère Philippe qui devait attendre le réconfort de son frère.

Pendant la réparation à la forge, Charles s’arrêta un peu pour regarder le soufflet. Alors qu’Éphrem en avait toujours utilisé un qu’il actionnait avec le pied, son fils Clophas avait installé un soufflet manuel. Charles vit celui-ci empoigner fermement la corne de bœuf lisse et inusable qui lui servait de manche et doser le feu plus aisément. Le système lui apparut nettement plus efficace et il regretta de ne pas l’avoir eu dans ses années de travail à la forge, même s’il s’occupait surtout d’y ferrer les chevaux. Il observa l’enclume quand Clophas alla y marteler un fer. Là encore, le fils avait adapté les outils à sa taille. Contre le mur de droite, sous l’établi, des barillets de fers à cheval usinés témoignaient qu’Éphrem ne s’éreintait plus à confectionner lui-même les fers à partir de tiges de fer. «On n’arrête pas le progrès», se réjouit-il, se rappelant qu’il avait, de son côté, modernisé la scierie de Vanasse.



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