Un homme comme tant d'autres Tome 1--Charles by Bernadette Renaud

Un homme comme tant d'autres Tome 1--Charles by Bernadette Renaud

Auteur:Bernadette Renaud [Renaud, Bernadette]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782764424360
Éditeur: Les Éditions Québec Amérique
Publié: 2013-03-27T16:00:00+00:00


13

Le dimanche suivant, une semaine avant les noces de Boudrias, Charles se leva tôt pour assister à la première messe matinale.

– Je vais aller au moulin à scie, dit-il simplement à Mathilde. Ton père me prête sa carriole.

Elle comprit à moitié et lui fit confiance, soulagée de le voir poser un geste concret, pourtant inquiète de ne pas savoir tout à fait lequel. «Si c’est ce que je pense, ça ferait bien des changements», craignit-elle malgré tout.

– Qu’est-ce qu’il mijote? demanda Delphina.

– Il voit à nos affaires, répondit sobrement la jeune épouse en laissant retomber le rideau de la porte.

En chemin, Charles ressassa son plan pour la dixième fois. «J’ai pas le choix.» Il trouva le trajet interminable; champs, clôtures, lisières de forêts, rien ne le distrayait ce jour-là. Comble de malchance, le cheval avait perdu un fer et boitait.

– Ça prend bien un forgeron pour pas voir à son cheval, maugréa-t-il contre son beau-père en traversant le petit pont menant à la forêt.

Il était de plus en plus contrarié, ses plans ne se déroulant pas comme prévu. «Je vais avoir l’air d’un quêteux avec un cheval boiteux. » À cause de ce contretemps, il arriva à destination à l’heure du dîner. «Pas question de m’imposer de même.» Il grignota ce que Mathilde lui avait préparé, mais le froid et l’inquiétude lui coupèrent l’appétit. Il fit les cent pas un peu avant la boucle du chemin qui s’arrêtait à la scierie, question de tuer le temps et de se réchauffer.

– Je prendrais bien une petite gorgée du whisky de Boudrias, ronchonna-t-il, les orteils gelés.

Cette attente forcée lui donna le temps de songer un peu trop. Il passa le cap de la saine réflexion et commença à remettre son projet en question. Au bord de l’exaspération, il entra finalement chez les Vanasse vers une heure et demie de l’après-midi pour trouver le repas à peine entamé et la maison pleine. Anthime Vanasse se leva joyeusement.

– Manseau ! Dégreye-toi. Viens manger avec nous autres ; mes garçons sont revenus des États hier soir.

Le visiteur se figea. «Il manquait plus que ça ! » Le père fit les présentations.

– Tiens, celui-là, c’est mon plus vieux : Armand puis sa femme Germaine.

Ils étaient assortis par l’âge, la trentaine, et le poids, étant un peu plus en chair que la normale, sans plus. Les deux autres, de cinq ans plus jeunes environ, étaient plus minces, presque fluets.

– Ceux-là, ajouta fièrement Anthime, c’est mon Elphège avec sa femme Jacinthe.

Son comportement fit sourciller ses fils, qui n’avaient pas eu droit à un accueil si chaleureux. Mme Vanasse se méfia tout de suite, décidée plus que jamais à protéger ses fils qui semblaient revenus pour de bon. La jeune Jacinthe, aux cheveux clairs, chuchota à la plus sérieuse Germaine, aux cheveux bruns :

– Qui c’est, ce bel homme-là qui débarque ici comme s’il connaissait les airs mieux que nous autres?

Les présentations faites, un silence plana. Pour trouver quelque chose à dire, Charles s’informa du nom des trois petits de moins de cinq ans qui leur couraient entre les jambes.



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