Un goût de cendres by Elizabeth George

Un goût de cendres by Elizabeth George

Auteur:Elizabeth George [George, Elizabeth]
La langue: fra
Format: epub


12

Réveillé par le froissement des draps, Lynley garda néanmoins les yeux fermés, l’écoutant respirer. Etrange, la joie que lui procurait cette chose si simple.

Il se tourna sur le côté pour lui faire face, prenant soin de ne pas l’arracher au sommeil. Mais elle était déjà réveillée, étendue sur le dos, une jambe repliée, les yeux rivés sur les feuilles d’acanthe des moulures du plafond. Il glissa la main sous les couvertures et mêla ses doigts aux siens. Elle le fixa et c’est alors qu’il distingua une fine ride verticale entre ses sourcils. De son autre main, il la fit disparaître.

— Je viens de me rendre compte que… commença-t-elle.

— Quoi ?

— Tu t’es arrangé pour détourner la conversation hier soir. Et tu n’as pas répondu à ma question.

— Pour autant que je me souvienne, c’est plutôt toi qui m’as fait bifurquer. Tu m’avais promis du poulet aux artichauts, si j’ai bonne mémoire. Ce n’est pas pour ça qu’on était descendus à la cuisine ?

— Et c’est dans la cuisine que je t’ai posé une question. À laquelle tu n’as pas répondu.

— J’ai été distrait. Par toi, Helen.

Un sourire étira ses lèvres.

— Vraiment ?

Il rit doucement, se pencha vers elle pour l’embrasser, suivant du doigt la courbe de son oreille.

— Pourquoi est-ce que tu m’aimes ? questionna-t-elle.

— Quoi ?

— C’est la question que je t’ai posée hier soir. Tu ne t’en souviens pas ?

— Ah, ça…

Roulant sur le dos, il se plongea à son tour dans la contemplation des moulures et pressa la main d’Helen contre sa poitrine tout en réfléchissant.

— Bagage universitaire, expérience, je ne t’arrive pas à la cheville, souligna-t-elle. (Il haussa un sourcil dubitatif. Mimique à laquelle elle répondit par un sourire fugace.) Bon, d’accord. Mettons que, pour les études, nous soyons à égalité. Il n’en reste pas moins que je n’ai pas de situation. Que je ne gagne pas très bien ma vie. Que je n’ai aucun talent pour le travail domestique et encore moins envie de me transformer en fée du logis. En un mot, je suis la frivolité incarnée. Nous sommes issus du même milieu, c’est vrai. Mais ce n’est pas parce qu’on appartient au même milieu que lui qu’on donne son cœur à un homme. Cette histoire de milieu n’entre pas en ligne de compte dans les affaires de cœur, si ?

— Jadis, c’était une des raisons qui poussaient certains à se marier.

— Mais il ne s’agit pas de mariage. Je te parle d’amour. Le plus souvent, les deux choses s’excluent mutuellement. Catherine d’Aragon et Henri VIII étaient mari et femme, et regarde où ça les a conduits. Elle a porté ses enfants, elle lui reprisait ses chemises. Lui, pendant ce temps-là, il cavalait à droite et à gauche. On lui connaît au moins six femmes.

Lynley bâilla.

— Que pouvait-elle espérer d’autre en épousant un Tudor ? Le propre fils de Richmond. C’était s’allier à la lie. À des pleutres. Des nécessiteux. Des assassins. Des paranoïaques.

— Seigneur, tu ne vas pas remettre ça avec les princes de la Tour, mon chéri ? Ce serait nous éloigner considérablement du sujet, il me semble.



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