Un certain goût pour la mort by James P.D

Un certain goût pour la mort by James P.D

Auteur:James,P.D [James,P.D]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1984-12-31T23:00:00+00:00


Quatrième partie

MOYENS ET DÉSIRS

1.

Contrairement aux apparences, le Black Swan n’avait rien d’une guinguette au bord de la Tamise. C’était une élégante villa de deux étages construite au début du siècle par un peintre prospère de Kensington, qui aspirait à une retraite campagnarde avec vue sur l’eau. Après sa mort, la maison avait connu les vicissitudes habituelles d’une demeure trop humide et trop éloignée de la capitale pour servir de domicile principal, et trop grande pour faire office de résidence secondaire. Pendant vingt ans, elle avait abrité un restaurant sous son nom primitif, mais cet établissement n’avait jamais prospéré jusqu’au jour où Jean-Paul Higgins l’avait repris, en 1980. Après l’avoir rebaptisé, fait construire une autre salle à manger pourvue de grandes baies donnant sur le fleuve et les prairies, engagé un chef français, des garçons italiens et un portier anglais, le nouveau gérant était parti à la conquête de sa première modeste mention dans The Good Food Guide. De mère française, il semblait avoir décidé qu’étant restaurateur, c’était cette partie-là de son ascendance qu’il convenait de souligner. Son personnel et ses clients l’appelaient monsieur Jean-Paul. À son grand dépit, seul son banquier persistait à le nommer Mr. Higgins. Le brave homme l’accueillait toujours avec beaucoup de chaleur et d’exubérance. Cela n’avait rien d’étonnant : l’affaire de Mr. Higgins marchait admirablement. En été, on devait réserver sa table pour le déjeuner ou pour le dîner au moins trois jours à l’avance. En automne et en hiver, il y avait moins de monde et le menu du déjeuner ne comportait que trois plats principaux. La qualité de la cuisine et du service restait néanmoins constante. Le Black Swan se trouvait assez près de Londres pour inciter un certain nombre d’habitués à faire une trentaine de kilomètres en voiture pour jouir des avantages particuliers qu’offrait ce restaurant : ambiance agréable, tables suffisamment espacées, bonne insonorisation, absence de musique de fond, service sans chichis, discrétion, excellente cuisine.

Petit, noiraud, doté d’une paire d’yeux mélancoliques et d’une fine moustache, M. Jean-Paul avait l’air d’un Français de comédie, impression qui se renforçait dès qu’il ouvrait la bouche. Ce fut lui qui accueillit Kate et Dalgliesh à la porte. Sa courtoisie tranquille semblait indiquer que rien n’aurait pu lui faire davantage plaisir qu’une visite de la police. Dalgliesh remarqua toutefois que malgré l’heure matinale et le calme qui régnait dans l’établissement, Higgins les introduisit sans tarder dans son bureau, à l’arrière de la maison. Higgins devait être de ceux qui pensent, non sans raison, qu’un flic, même s’il vient vous voir en civil et n’enfonce pas votre porte à coups de pieds, ne peut être pris que pour un flic. Dalgliesh vit le bref regard qu’il jeta à Kate Miskin, son expression de surprise, vite réprimée, faisant place à de l’approbation. Kate portait un pantalon en gabardine beige, une veste à carreaux discrets par-dessus un pullover en cachemire à col roulé. Ses cheveux étaient tressés en une courte natte. Dalgliesh se demanda comment Higgins s’était représenté une femme détective



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