Ulysse by James Joyce

Ulysse by James Joyce

Auteur:James Joyce [Joyce, James]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Irlandaise
Éditeur: Gallimard & Atelier Panik éd. numérique
Publié: 2013-11-05T23:00:00+00:00


— Les biscuits c’était de la camelote,

Et le bœuf bien plus salé Qu’le cul d’la femme de Lot.

Oh Johnny Lever !

Johnny Lever, oh56 !

Épanchement après lequel le redoutable spécimen dûment entré en scène, regagnant son siège, s’effondra plus qu’il ne s’assit sur le banc à disposition. Écorchèvre, en admettant que ce soit lui, évidemment prêchant pour sa paroisse, exprimait ses doléances dans une philippique aussi véhémente que faiblarde concernant les ressources naturelles de l’Irlande, ou quelque chose de la sorte, qu’il décrivait dans son long exposé comme le pays le plus riche sans exception aucune de la création divine, de bien loin supérieure à l’Angleterre, du charbon en abondance, pour six millions de livres en exportations de porc chaque année, dix millions entre le beurre et les œufs, et toutes ces richesses pompées par l’Angleterre levant des impôts sur le pauvre peuple qui se saignait toujours, et s’empiffrant la meilleure viande sur le marché, et encore beaucoup de bavasseries de la même veine. Leur conversation en conséquence prit un tour plus général et tous s’accordaient que tels étaient les faits. On pouvait faire pousser n’importe quoi bon dieu sur le sol irlandais, déclara-t-il, et même que le Colonel Everard là-bas vers Navan faisait pousser du tabac57. Où pourrions-nous trouver quelque chose de comparable au bacon irlandais ? Mais le jour des règlements de comptes, déclara-t-il crescendo sans que sa voix fléchisse jamais – monopolisant complètement la conversation – allait venir pour la puissante Angleterre, en dépit du pouvoir de son fric en raison de ses crimes. Chute il y aurait et la plus retentissante de toute l’histoire. Les Allemands et les Japs allaient avoir leur petit mot à dire, affirma-t-il. Les Bœrs annonçaient le début de la fin. L’empire des pires menteurs vacillait déjà et l’Irlande signerait sa ruine, son talon d’Achille, ce qu’il leur expliqua à propos du point vulnérable d’Achille, le héros grec – un point dont son auditoire immédiatement s’empara vu qu’il les tint en haleine en montrant ledit tendon sur sa chaussure. Son conseil à l’usage de chaque Irlandais était : restez sur votre terre natale et travaillez pour l’Irlande et vivez pour l’Irlande. L’Irlande, disait Parnell, ne saurait se passer d’un seul de ses fils58.

Un silence général marqua la conclusion de son finale grandioso. L’imperturbable navigateur avait entendu ces nouvelles sinistres sans s’émouvoir.

— C’est pas gagné, boss, riposta la brute au grand cœur visiblement un peu piquée en réponse au truisme précédent.

À cette douche froide, faisant référence à la chute et cœtera, le tenancier acquiesça mais néanmoins campa sur ses positions.

— C’est qui les meilleurs soldats dans l’armée ? interrogea, courroucé, le vieux vétéran grisonnant. Et les meilleurs sauteurs et coureurs ? Et les meilleurs amiraux et généraux que nous ayons ? Dites-moi un peu.

— Les Irlandais ma foi, rétorqua le cocher de fiacre qui ressemblait à Campbell, les marques sur le visage mises à part.

— Tout juste, corrobora le vieux corsaire. Le paysan catholique irlandais. La colonne vertébrale de notre empire. Connaissez Jem Mullins59



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