Trop humains by Trop Humains

Trop humains by Trop Humains

Auteur:Trop Humains [Humains, Trop]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-01-26T20:15:22+00:00


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Évidemment, ce n’était pas aussi simple que le croyait Joey ; ç’aurait été trop beau. Le vieux existait bien, oui, il effectuait ses ramassages tous les jours, il suivait son itinéraire tout seul dans sa voiture, mais il n’était pas sans protection, loin de là. Il y avait toujours une autre voiture à traîner derrière, avec deux costauds à bord. Pas toujours la même voiture d’un jour sur l’autre, pas toujours les mêmes passagers, mais toujours là, plus loin dans la rue, à environ un bloc de distance, et qui se garait à proximité dès que le vieux s’arrêtait.

Le vieux en question, il avait quoi ? soixante-dix ? quatre-vingts ans ? mais il était alerte. Un vieux maigrichon, toujours vêtu d’un pardessus gris et coiffé d’un feutre assorti joliment enformé, quel que soit le temps. Il roulait à une allure normale, voire prudente, et il marchait tout le temps d’un air digne, comme s’il se prenait pour le messager du roi ; ce qu’il était, en un sens. Il s’arrêtait dans des bowlings, des charcuteries, des bars, chez des particuliers ; partout où opéraient les bookmakers, les loteries ou les tables de Léo Ganolese. À chaque arrêt, le vieux descendait de voiture (l’autre voiture se rangeait discrètement un peu plus haut ou plus bas dans la rue), entrait dans le local d’un pas calme et mesuré et ressortait quelques minutes plus tard flanqué généralement de deux ou trois autres gars. (Une protection supplémentaire, ça.) L’un d’eux portait un paquet quelconque : sac en papier, boîte à chaussures ou n’importe quoi d’aussi passe-partout. Les gars restaient debout et jetaient des coups d’œil de droite et de gauche pendant que le vieux ouvrait son coffre pour y déposer son paquet avec tous les autres. Ensuite le vieux serrait la main à un ou deux des types, remontait au volant et repartait. Les gars de la maison restaient sur le trottoir jusqu’à ce qu’il se soit éloigné de deux blocs et que la seconde voiture l’ait repris en chasse.

« Pas facile », dit Frank, revenu à la table de chez Mindle. Il avait froid au creux de l’estomac. Il y avait des coups à faire et d’autres qu’il était risqué de tenter. Celui-là commençait à lui sembler risqué.

Joey, bien entendu, ne comprenait pas. « Tout ce qu’on a à faire, c’est éliminer la bagnole de soutien, dit-il. Écoute, Frank, entre Belleville et Millstadt y a un long trajet, peut-être dix minutes, ça nous laisse des tas d’occasions de nous en débarrasser. Après, c’est facile.

— Tu veux dire quoi par : s’en débarrasser ?

— L’éliminer, dit Joey qui régla la question d’un haussement d’épaules. Écoute, j’connais un gars dans le Missouri, à Branson, on peut se procurer des grenades, sans blague. On roule à côté, on en balance une dans la voiture, on…

— Salut », fit Frank qui se leva et sortit du bar.

Il avait parcouru un demi-bloc en direction de son meublé lorsque Joey le rattrapa, l’air ahuri voire un peu contrarié. «



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