Tragédies impériales by Benzoni Juliette

Tragédies impériales by Benzoni Juliette

Auteur:Benzoni, Juliette [Benzoni, Juliette]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-04-25T22:00:00+00:00


« Les mots ne peuvent exprimer ce qu’il m’en coûte de me séparer d’elle, mais il faut faire de grands sacrifices pour obtenir de grands résultats. Je prie Dieu de veiller sur elle et de nous réunir un jour… »

Le 10 août, après un voyage particulièrement pénible, au cours duquel la pauvre impératrice, déjà épuisée par la route mexicaine, avait été cruellement victime du mal de mer, elle arriva à Paris dans un assez triste état. De plus, aigrie jusqu’à l’âme, elle n’était guère en mesure de se montrer bonne diplomate. De fâcheuses circonstances firent le reste.

Le malheur voulut que la délégation chargée d’accueillir l’impératrice se trompât de gare, allât l’attendre à la gare d’Orléans (Austerlitz), alors qu’elle arrivait à Montparnasse. Elle en fut ulcérée, dut prendre des fiacres avec sa suite… et trouva visage de bois aux Tuileries. Le palais était fermé, l’empereur Napoléon III ayant interrompu sa cure à Vichy pour revenir à Saint-Cloud et faire face aux événements. Elle alla se loger au Grand Hôtel et, s’irritant, réclama orgueilleusement une entrevue avec Napoléon III.

Celui-ci étant souffrant, l’impératrice Eugénie se déplaça et vint visiter Charlotte à son hôtel pour tenter d’éviter à son époux une conversation nécessairement pénible. Mais l’impératrice du Mexique ne voulait rien entendre. Elle déclara que si l’on n’acceptait pas de bon gré de la recevoir, elle « ferait irruption ». Vaincue, Eugénie consentit à sa venue à Saint-Cloud.

L’entrevue fut pénible, mais Napoléon III resta ferme. Il ne pouvait faire autrement : il était pris entre le mécontentement des Français, les menaces des États-Unis et ses propres difficultés diplomatiques avec la Prusse. Il n’était plus possible pour lui de distraire ni un écu ni un homme en faveur du Mexique, quelque regret qu’il en eût. Il dut répéter ces mots cruels en rendant sa visite à Charlotte au Grand Hôtel.

Charlotte avait pâli jusqu’aux lèvres à cet énoncé froid et parfaitement clair.

— Ainsi, dit-elle, il nous faudra abdiquer ?

Elle n’en pensait pas un mot, et la réponse de Napoléon III l’atterra :

— Soit, dit-il, abdiquez. C’est la sagesse… Alors, elle se déchaîna. Prise d’une colère aveugle, elle jeta à la face de Napoléon tous ses griefs, le traita en valet indélicat, et hurla :

— Comment ai-je pu oublier qui je suis et qui vous êtes ? J’aurais dû me souvenir que le sang des Bourbons coule dans mes veines et ne pas déshonorer ma personne en m’humiliant devant un Bonaparte, en traitant avec un aventurier.

Napoléon III se leva alors, puis, après un bref salut, quitta l’hôtel, laissant Charlotte en proie à une terrible crise nerveuse que l’on eut bien du mal à maîtriser. La manie de la persécution s’emparait d’elle et, comme à Saint-Cloud, on lui avait offert des rafraîchissements, elle hurlait que l’on avait voulu l’empoisonner.

Quand elle fut un peu plus calme, sa suite jugea prudent de lui faire quitter Paris. On avait d’abord pensé qu’elle se dirigerait sur Bruxelles, mais le roi Léopold Ier était mort l’année précédente. Son fils aîné, frère de Charlotte, régnait.



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