Traces by Ernst Bloch

Traces by Ernst Bloch

Auteur:Ernst Bloch [Bloch, Ernst]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-03-16T23:00:00+00:00


Thèmes de la vérité cachée

Tout ce que nous pouvons faire devant les autres, presque toujours, c’est de paraître. Parfois transparaître, mais cette moitié de nous-mêmes en devenir est-elle la bonne, on se le demande. Ce maintenant où nous nous trouvons est encore obscur, mais il est surtout obscur parce que nous nous trouvons, comme vivants, dans ce maintenant, parce que nous le sommes, pour tout dire. Dans ce maintenant, en tant qu’il est ce maintenant dispersé, vit l’homme lui-même encore dispersé, selon son mouvement intérieur, intérieur au temps. De ce qui n’est jamais qu’« instantané » provient le multiple, et en outre la manière d’être individuelle où tout étranger a du mal à entrer, et soi-même bien faussement et rarement. Plus un homme est « mauvais », à savoir : narcissique, plus il va être obscur, du même coup ; mais pour cette raison, justement, dans ce cas : on ne peut jamais savoir, jamais pénétrer tout à fait, encore moins juger. Si la manière d’être est « importante », c’est-à-dire si, au lieu de se disperser, elle rassemble des forces existentielles, elle n’en sera pas pour autant plus claire aux autres. Elle a pareillement son halo individuel, précisément autour de sa « clarté », d’un côté parce que les yeux n’y sont pas encore préparés, d’un autre parce que la profondeur n’a pas encore assez d’habitants pour n’être pas individuelle et solitaire. Voilà le véritable, le fructueux incognito dont l’élucidation est toute notre affaire ; non le faux incognito de l’ennui qui n’a rien à dire. Sur le véritable incognito, nous allons raconter quelques histoires, qui ne sont rien de plus que des signes prolongés, des histoires chinoises, américaines, judéo-russes. Déjà le respect du caché peut prendre modèle sur cette brève histoire chinoise par laquelle nous commençons.

Un jour, dit-on, des paysans furent surpris aux champs par l’orage. Ils se mirent à l’abri dans une grange, mais la foudre, loin de s’éloigner, tournait en cercle autour de leur abri. Alors les paysans comprirent que la foudre visait l’un d’entre eux, et ils convinrent d’accrocher leurs chapeaux devant la porte. Celui dont le chapeau serait le premier arraché par l’orage devait être jeté dehors afin que les innocents ne périssent point pour le péché d’un seul. À peine les chapeaux furent-ils accrochés au-dehors qu’un coup de vent emporta le chapeau du paysan Li l’entraînant au loin à travers champs. Aussitôt les paysans jetèrent dehors le paysan Li ; et à l’instant même la foudre frappa la cabane, car Li était le seul juste.

Dans cette histoire, c’est le « bon » qui est caché, dans une autre que Richard Wilhelm a si joliment recueilli, c’est le « méchant ». Un fermier revenant des champs s’arrêta au bord d’un ruisseau pour faire boire son cheval. Soudain il aperçut un peu plus bas un dragon à demi caché par les broussailles, sa gueule et ses naseaux crachaient une flamme silencieuse. Le fermier tira son cheval en arrière et s’enfuit à travers bois si vite



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