Tout se paye by George P. Pelecanos

Tout se paye by George P. Pelecanos

Auteur:George P. Pelecanos [Pelecanos, George P.]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782020653992
Éditeur: Seuil


18

Garfield Potter, Carlton Little et Charles White passèrent presque toute la journée du lundi à rouler çà et là dans Petworth, Park View et le nord de Shaw, passant leurs troupes en revue, cherchant des meufs à brancher, buvant un coup de loin en loin et se défonçant sans arrêt. Au début de la soirée, ils se retrouvèrent dans leur maison mitoyenne, glandant dans la salle de séjour, où la fumée de l’énorme spliff que Little venait d’allumer emplissait l’air de volutes épaisses.

Tout l’après-midi, Potter avait essayé de lever une fille, mais il avait foiré à chaque tentative. Il allait et venait dans la pièce tandis que Little et White, assis sur le canapé, faisaient une partie de Madden 2000 et qu’un morceau d’Outkast diffusé par WPGC passait à fond sur le radiocassette. White vit l’expression maussade dans laquelle s’était figé le visage de Potter, celle qu’il prenait toujours quand une meuf l’avait envoyé sur les roses. En fait, la plupart des filles avaient peur de se retrouver seules avec Garfield Potter, mais l’idée qu’il pouvait en être ainsi ne l’avait jamais effleuré.

Potter venait d’entamer une nouvelle maxi-canette de bière maltée. La troisième qu’il s’enfilait depuis le début de la journée.

— Vous allez jouer à ce jeu de merdeux toute la soirée ? demanda-t-il.

— C’est le dernier qui vient de paraître, dit Little.

— Je m’en bats les couilles de vos matchs de football en dessins animés, dit Potter. On n’a qu’à aller au stade pour en voir des vrais.

— Encore ?

— J’ai envie de buter quelqu’un, dit Potter.

Il se frotta les mains l’une contre l’autre tout en continuant à faire les cent pas.

— J’aurai sa peau, à ce Lorenze Wilder.

— Merde quoi, T, dit Little. Laisse-nous finir notre partie, Raton et moi.

Potter s’avança jusqu’à la console de leur Playstation et appuya sur le bouton. La partie s’arrêta et fut remplacée à l’écran par l’image d’une émission câblée. Planté devant le canapé, Potter fixait du regard ses amis d’enfance. Little était sur le point de dire quelque chose, mais il se ravisa quand ses yeux rencontrèrent ceux de Potter, qui étaient vides.

— Si tu veux qu’on y aille, on ira, dit-il.

Potter hocha la tête.

— Prends ton flingue.

Charles White ne protesta pas. Il avait le secret espoir qu’ils ne trouveraient pas Lorenze Wilder au terrain de football. Il se répétait qu’il ne serait pas là. Après tout, ils étaient déjà allés deux fois jusqu’au terrain d’entraînement, et à l’exception de leur première visite, durant laquelle ils avaient aperçu Wilder, ils n’y avaient vu personne d’autre qu’une poignée de parents et d’entraîneurs et un groupe de gamins.

Ils se retrouvèrent quelques minutes plus tard devant la porte d’entrée. Potter s’était vissé son bonnet en laine sur le crâne. Little et lui avaient tous deux enfilé des vêtements flottants, de couleur noire. White avait mis son pull préféré, le Nautica orange fluo en laine polaire, dont le contact lui était plus agréable que tout.

— Retire cette saloperie, dit Potter en posant les yeux sur la polaire de White.



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