Tout Est Conscience by Vivenza Jean-Marc

Tout Est Conscience by Vivenza Jean-Marc

Auteur:Vivenza, Jean-Marc [Vivenza, Jean-Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: essai, Spiritualité, La Gang©
Éditeur: Albin Michel
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


IV. Caractère essentiel de la bouddhéité

Il n’est pas exagéré de dire que le texte d’Asanga, portant sur la nature de l’illumination, situé au neuvième chapitre de son Mahâyânasûtrâlankara, traitant précisément de la connaissance de miroir, ou connaissance ultime, est sans doute l’un des textes les plus essentiels et les plus importants de l’école Yogâcâra, et, plus largement encore, l’un des plus significatifs du courant Mahâyâna lui-même. Jamais, reconnaissons-le, on ne s’était aventuré si profondément, et si audacieusement, dans les détails à ce point précis et circonstanciés concernant la nature de la bouddhéité. Dès ses premières lignes, Asanga nous dévoile ce qui fonde l’essence même de la bouddhéité, nous la présentant comme une connaissance « omnigénérique », dépourvue de toute limitation, capable de parvenir, par l’effet de la vacuité et de l’idéalité, à la racine de la nature propre (svabhâva) des choses, faisant que le Tathâgata est capable de « jeter ses regards sur le monde comme s’il était au sommet d’une haute montagne ». Pour Asanga nulle ambiguïté, « le caractère essentiel de la bouddhéité c’est la vacuité » (M.S.A., IX, 3). Toutefois il faut s’entendre sur ce dernier terme et ne pas l’interpréter de manière erronée, la vacuité en question n’étant surtout pas un rien par défaut, un néant, une absence, mais l’expression du statut ontologique des dharma, et c’est pourquoi tous les dharma, toutes les choses ne sont pas différents de la bouddhéité, bien que celle-ci échappe à toutes choses, transcende et dépasse toute forme d’existence ou de non-existence. Reconnue comme « le plus grand refuge des créatures », la bouddhéité est la meilleure protection contre les klesha, c’est-à-dire les souillures qui alourdissent le moi, le rivant durablement à la force de l’ignorance et de l’illusion.

Utilisant l’image de l’espace, Asanga décrit l’état de bouddhéité grâce à une analogie relativement expressive : « De la même manière que l’espace est sans limites, ainsi la bouddhéité est sans limites ; comme l’espace s’étend à la multitude des formes, de même la bouddhéité est présente chez tous les êtres » (M.S.A., IX, 15.) Certes répondent les disciples d’Asanga, mais alors, si la bouddhéité est universelle pourquoi ne la voyons-nous pas ? La réponse du maître ne manque pas de pertinence : « Lorsqu’un vase est brisé, laissant échapper son eau, il n’est plus possible que la lune s’y reflète, de même l’image du Bouddha ne se laisse pas voir chez les créatures perverties » (M.S.A., IX, 16). Par ailleurs, dans leur immense impassibilité active, les Bouddha peuvent parfaitement décider de se laisser voir, ou bien, invisiblement, s’établir dans la plus totale transparence. Foncièrement, l’Ainsité agit dans le non-agir, perdurant précisément dans le non-agir par son activité ; « ni pure ni impure, pareille à la bouddhéité », elle dépasse les oppositions et les contradictions antagonistes, elle est inaffectée par la dualité. À ce stade de son discours, Asanga affirme : « Dans la pure vacuité, les Bouddha, par l’acquisition de l’impersonnalité (nairâtmya), parviennent à la grandeur du soi (âtman) » (M.S.A., IX, 23).



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