Tome 1--Roman by Patrick Lunant

Tome 1--Roman by Patrick Lunant

Auteur:Patrick Lunant [Lunant Patrick]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Atria
Publié: 2014-02-15T00:00:00+00:00


Le téléphone sonna plusieurs fois sans que Franck ne consentît à s’en emparer. Une stridence pareille à celle de la fraise du dentiste, une stridulation d’une cigale obèse, une aberration sonore alors qu’il émergeait d’un rêve où Julien, bizarrement, avait les seins de Babeth, la dégaine de Vanessa et les moustaches de Karim.

— C’est bien un rêve de vieille tante, ça ! L’éternel dilemme entre la normalité et les délices innommables de l’inversion. C’est qui à cette heure-là ?… Personne ne sait que je suis là ?… Oui allô ?

C’était Vanessa-Françoise qui avaient repris leur poste. Une voix neutre, bien loin des inflexions graveleuses qu’elle avait laissées transpirer hier au soir. La schizophrénie, finalement, n’épargnait personne. Il se rasséréna à cette idée.

— C’est l’accueil ! Monsieur Dalencourt, vous avez demandé à être réveillé. Bonne journée.

— Quelle heure est-il s’il vous plaît ?

— Neuf heures et quelques secondes.

Lisait-elle un document, comme un cahier des charges dévolu à sa fonction sur lequel chacune de ses possibles interventions aurait été listées ? Craignait-elle, sans cette nomenclature, de se laisser aller à sa nature qui sentait le sexe et l’esbroufe ?

— Yo Vaness’ ! lança Franck.

Elle raccrocha en soufflant bruyamment par le nez.

Franck fit le gros dos afin de soulager ses vertèbres et finit par s’extirper du lit comme son ostéo le lui avait conseillé. Sur le côté, les deux jambes parallèles avec un appui du bras opposé suivi d’une extension lente mais progressive. Il poussa un cri à la hauteur de la douleur qui lui bétonnait le dos. En traînant les pieds, il se dirigea vers son pantalon. Dans ses poches, il avait en permanence plusieurs plaquettes d’antalgiques à la codéine. Il en prit deux et partit les avaler dans la salle de bains avec un verre d’eau.

Il chercha à tâtons la lumière. Il s’était toujours demandé pourquoi elle était plus incandescente que dans la chambre, le seul lieu où même les demi-dieux auraient aimé un peu moins de projecteurs sur leur triste condition d’homme imparfait. Franck se versa une larme d’eau blanchâtre dans un verre en plastique et avala ses dérivés de morphine qui tarderaient de plus en plus à produire leurs effets.

Le grand miroir le logeait entièrement, lui épargnant les seuls morceaux de son anatomie sur lesquels il n’y avait rien à dire : ses mollets. Il se regarda longtemps et faillit fermer les yeux de tristesse. Son sexe pendait mollement comme le cou d’un poulet obèse. Autrefois, il arborait une toison pubienne pareille à une forêt pluvieuse, dense et humide. Aujourd’hui, elle subissait la gangrène de l’implacable vieillesse. Sa chevelure, par chance, n’avait pas encore perdu de sa densité, quelques aiguillons argentés s’y cachaient, centuplant son charme, avait affirmé Julien. Il toucha son pénis, lui releva la tête et le laissa retomber mollement. Devant la glace, il se palpa le début de bourrelet qui, à terme, envahirait son ventre, puis, fit gonfler ses pectoraux et constata que ses tétons faisaient la gueule.

— Tu décatis mon vieux !

Franck tira la langue,



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.