Tirez la chevillette by Chase James Hadley

Auteur:Chase,James Hadley [Chase,James Hadley]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard
Publié: 2015-03-23T00:00:00+00:00

Le doigt déjà sur le cadran, Lola leva les yeux. Elle avait une mine effroyable : le teint livide, les lèvres exsangues, les yeux creux, remplis d’épouvante.

Nous nous observâmes l’un et l’autre. Elle avait le récepteur à la main. Dans la mienne, je tenais le revolver et je le braquais dans sa direction.

— Raccrochez ! lui dis-je. Vite !

A la vue de l’arme, son visage vira au gris. Manifestement, elle pensait que j’allais l’abattre. En tremblant, elle raccrocha le combiné.

— Allez dans votre chambre. On a à causer !

Elle rentra dans sa chambre, je la suivis et refermai la porte contre laquelle je m’appuyai.

— C’est la police que vous appeliez ? lui demandai-je.

Elle se laissa tomber sur le lit et, les poings serrés contre les genoux, leva les yeux sur moi.

— Vous vous figurez que ce serait malin de me balancer sa mort sur le dos ? enchaînai-je. Je vais vous dire pourquoi ce n’est pas une si bonne idée que ça. Si vous tenez au fric du coffre, mieux vaut vous abstenir. Si les poulets me bouclent, je leur dirai que votre mari n’a jamais payé un sou d’impôt pour cet argent Ça les enchantera. Une fois que les petits rigolos du fisc auront prélevé le montant des amendes, il ne vous restera plus grand-chose… s’il en reste… Alors, si vous tenez à cet argent, faut mettre les pouces.

Elle changea brusquement d’expression. Je sentis que l’argument avait porté. Je continuai :

— Si vous tenez absolument à faire l’idiote, je ne peux pas vous interdire l’usage du téléphone, mais je vous préviens : dénoncez-moi à la police et je m’arrangerai pour que cet argent vous passe sous le nez. A vous de juger. L’autre solution, c’est d’enterrer Jenson, d’inventer une histoire pour expliquer son absence et puis, dans un bout de temps, quand je jugerai le moment opportun, vous pourrez empocher le magot et moi je disparaîtrai dans la nature.

— C’est un accident, murmura-t-elle d’une voix sourde. Si vous cachez son cadavre et qu’on le découvre, on dira que c’est un assassinat.

Maintenant, au moins, elle semblait prête à discuter. Je commençai à respirer plus librement.

— Pouvez-vous le prouver, l’accident ? Si vous aviez été seule avec lui au moment où c’est arrivé, vous pourriez peut-être vous en tirer comme ça, mais pas avec moi présent. Vous feriez mieux de vous décider. Si vous vous fichez de cet argent, appelez la police, je ne vous en empêcherai pas. Mais si vous y tenez, alors, on enterre le cadavre.

Il s’écoula alors cinq ou six secondes angoissantes. Elle me regardait, indécise et moi, j’attendais. J’étais à peu près certain qu’elle ne préviendrait pas la police, mais si elle avait fait le moindre geste en direction du téléphone, je l’aurais arrêtée net.

Elle parla enfin.

— Donnez-moi l’argent tout de suite. Je vais m’en aller. Je vous promets de ne jamais parler de vous à personne.

— Non ! vous aurez l’argent quand j’aurai estimé que vous pouvez le prendre en toute sécurité ! Et pas avant.

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