Thérapie du crime by Sophie Jomain Maxime Gillio

Thérapie du crime by Sophie Jomain Maxime Gillio

Auteur:Sophie Jomain, Maxime Gillio
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2018-03-27T16:00:00+00:00


15

Quinze minutes. Il a dit quinze minutes.

Des yeux, je fais le tour de mon salon et grimace. C’est chaque fois pareil lorsque Hugo est chez son père, je procrastine, me trouve mille excuses pour faire autre chose que ce qui était prévu. Moralité, Xavier sera là d’un moment à l’autre et je dois choisir entre rajuster ma coiffure et ranger l’appartement.

Je pourrais justifier ma chevelure désordonnée par une journée harassante, mais le désordre de mon appartement pourrait passer pour du laxisme, ce qui, du reste, serait totalement vrai. Hors de question !

Tout y passe : les coussins sur le canapé, les magazines sur la table basse, les vêtements jetés sur les chaises, le tapis plein de miettes, les tasses vides qui traînent çà et là. Puis je vais vérifier que les toilettes sont propres. Je fais ça en un temps record et trouve même quelques minutes pour resserrer les pinces dans mes cheveux.

Je m’apprête à m’installer sur un fauteuil pour attendre et me ravise au dernier moment. Je vérifie qu’il reste de la bière au frais, du vin, du jus de fruits, du soda, n’importe quoi qui pourrait m’aider à me détendre en sa présence. Xavier vient chez moi et ça suffit à justifier mon stress. Toutefois, je me fais la promesse de rester professionnelle en toutes circonstances, et de ne jamais lui montrer combien je suis crispée.

Il sonne à l’interphone à 21 heures. Je me racle la gorge et prends ma voix la plus tranquille.

— Oui ?

— C’est Xavier.

— Je t’ouvre.

Un bip crissant s’ensuit, la porte d’entrée claque, je raccroche le combiné et l’attends sur le palier, même si je n’ai aucun voisin et qu’il ne risque pas de se tromper.

Je le trouve encore plus tendu que moi quand il arrive, mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Il a les traits de plus en plus tirés, à tel point que je ne peux m’empêcher de lui demander si tout va bien.

Il entre et se passe une main dans les cheveux. Se gratte, plutôt, nerveusement.

— Journée de merde.

Je lui offre un sourire compatissant et lui réponds d’une voix douce.

— Je suis désolée. Je te sers quelque chose à boire ?

Il me regarde d’une étrange façon. Ça dure deux ou trois secondes. J’ai l’impression qu’il va me demander quelque chose, mais il se contente de hocher la tête.

— Bière, si tu as.

— J’ai. Installe-toi dans le salon, j’arrive. Tu as déjà dîné ?

— J’ai pris un sandwich.

Je ne connais que trop bien cette façon laconique de répondre. Il était déjà comme ça lorsque nous étions plus jeunes et que quelque chose le tracassait. Il n’avait pas envie qu’on le cuisine, donc je ne le ferai pas.

Pendant qu’il fait le tour de mon salon et regarde par la fenêtre, je prépare un plateau avec deux bières, un verre pour moi – lui, n’en prend jamais – et deux trois trucs à grignoter. Je n’ai pas l’intention de sortir le grand jeu, mais sandwich ou pas, je suis sûre qu’il aura quand même faim. Xavier avait toujours faim. Et d’aussi loin que je me souvienne, il réfléchit très mal le ventre creux.



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