Thérèse philosophe by Boyer d'Argens

Thérèse philosophe by Boyer d'Argens

Auteur:Boyer d'Argens [Boyer d'Argens]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


[1] par une éternité de supplices

« S’il y a un Dieu, dit-on, il y a un culte. Cependant, avant la création du monde, il faut convenir qu’il y avait un Dieu et point de culte. D’ailleurs, depuis la création, il y a des bêtes qui ne rendent aucun culte à Dieu. S’il n’y avait point d’hommes, il y aurait toujours un Dieu, des créatures et point de culte. La manie des hommes est de juger des actions de Dieu par celles qui leur sont propres.

« La religion chrétienne donne une fausse idée de Dieu ; car la justice humaine, selon elle, est une émanation de la justice divine. Or, nous ne pourrions, suivant la justice humaine, que blâmer les actions de Dieu envers son fils, envers Adam, envers les peuples à qui on n’a jamais prêché, envers les enfants qui meurent avant le baptême.

« Suivant la religion chrétienne, il faut tendre à la plus grande perfection. L’état de virginité, suivant elle, est plus parfait que celui du mariage : or, il est évident que la perfection de la religion chrétienne tend à la destruction du genre humain. Si les efforts des discours des prêtres réussissaient, dans soixante ou quatre-vingts ans, le genre humain serait détruit. Cette religion peut-elle être de Dieu ?

« Est-il rien de si absurde que de faire prier Dieu pour soi par des prêtres, par des moines, par d’autres personnes ? On juge de Dieu comme on juge des rois.

« Quels excès de folie de croire que Dieu nous a fait naître pour que nous ne fassions que ce qui est contre nature, que ce qui peut nous rendre malheureux dans ce monde, en exigeant que nous nous refusions tout ce qui satisfait les sens, les appétits qu’il nous a donnés ! Que pourrait faire de plus un tyran acharné à nous persécuter depuis l’instant de notre naissance jusqu’à celui de notre mort ?

« Pour être parfait chrétien, il faut être ignorant, croire aveuglément, renoncer à tous les plaisirs, aux honneurs, aux richesses, abandonner ses parents, ses amis, garder sa virginité, en un mot, faire tout ce qui est contraire à la nature. Cependant, cette nature n’opère sûrement que par la volonté de Dieu. Quelle contrariété la religion suppose dans un Être infiniment juste et bon !

« Puisque Dieu est le créateur et le maître de toutes choses, nous devons les employer toutes à l’usage pour lequel il les a faites, et nous en servir suivant la fin qu’il s’est proposée en les créant ; autant que par la raison, par les sentiments intérieurs qu’il nous a donnés, nous pouvons connaître son dessein et son but, et les concilier avec l’intérêt de la société établie parmi les hommes, dans le pays que nous habitons.

« L’homme n’est pas fait pour être oisif : il faut qu’il s’occupe à quelque chose qui ait pour but son avantage particulier concilié avec le bien général. Dieu n’a pas voulu seulement le bonheur de quelques particuliers ; il veut le bonheur de tous.



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