[Terre des origines 02] le général by Orson Scott Card

[Terre des origines 02] le général by Orson Scott Card

Auteur:Orson Scott Card [Card, Orson Scott]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 2290330159
Publié: 1992-03-06T14:28:34+00:00


5

Les Époux

LE RÊVE DE LA SAINTE FEMME

On l’appelait Sitida dans son pays natal, loin vers l’est, mais elle en était partie depuis si longtemps qu’elle ne se souvenait même plus de la langue de son enfance. Elle avait sept ans quand son oncle la vendit comme esclave et on l’emmena vers l’ouest, à Seggidugu, pour y être revendue. Sa servitude avait été supportable : sa maîtresse était stricte mais juste et son maître n’avait pas la main vagabonde. Ç’aurait pu être bien pire, elle le savait parfaitement… mais ce n’était pas la liberté.

Elle priait sans cesse pour que ses chaînes se brisent. Elle pria Fackla, le dieu de son enfance, et rien ne se passa. Elle pria Kui, le dieu de Seggidugu, et resta pourtant esclave. Enfin, elle entendit parler de Surâme, la déesse de Basilica, la cité des femmes où les hommes ne pouvaient être propriétaires et où les femmes étaient libres. Alors, elle pria, pria encore, et un jour, alors qu’elle avait douze ans, elle devint folle ; la transe de Surâme l’avait saisie.

Nombreux étaient les esclaves qui se prétendaient ainsi possédés soudain par un dieu afin d’obtenir leur libération ; aussi enferma-t-on Sitida le temps de sa folie, sans rien lui donner à manger. L’obscurité du minuscule réduit ne la gênait pas, car elle était plongée dans les visions que Surâme instillait dans son esprit. Ce n’est que lorsque ces visions prirent fin qu’elle eut conscience de son inconfort ; ou du moins, c’est ce que crut sa maîtresse quand Sitida se mit à crier dans son réduit : « Soif ! Soif ! Soif ! »

On ne comprit pas qu’elle hurlait ce seul mot non parce qu’elle avait besoin de boire – elle était pourtant dans un état de déshydratation avancé – mais parce que tel était son nom traduit dans la langue de Basilica, la langue de Surâme. Elle répétait son propre nom parce qu’elle s’était perdue au milieu de ses visions. Elle espérait qu’en le criant assez fort et assez longtemps, la jeune fille qu’elle était autrefois l’entendrait, répondrait et reviendrait habiter son corps.

Plus tard, elle comprendrait que sa vraie personnalité ne l’avait jamais quittée, mais que la confusion, l’extase et la terreur de ses premières visions, si puissantes, l’avaient transformée et qu’elle ne serait plus jamais l’enfant de douze ans qu’elle avait été. Quand on la laissa sortir en l’avertissant de ne plus jamais feindre la possession, elle ne discuta pas, elle ne protesta pas de sa sincérité. Elle se contenta de boire et de manger tout ce qu’on lui donna avant de retourner au travail.

Mais on s’aperçut bien vite que cette esclave-ci ne faisait pas semblant. Un jour, elle regarda son maître et se mit à pleurer sans qu’on pût la consoler. L’après-midi, alors qu’il surveillait la construction d’une belle maison pour l’un des hommes les plus riches de la cité, une pierre échappa aux ouvriers qui essayaient de la mettre en place et le projeta à terre. Deux esclaves subirent des



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