Teddy est revenu by Gallerne Gilbert

Auteur:Gallerne, Gilbert [Gallerne, Gilbert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Objectif Noir
Publié: 2014-06-18T22:00:00+00:00

CHAPITRE 19

Yvonne Grancier-Delalande entra dans le «petit salon» et Albert Toulouse se détourna de la porte-fenêtre ouverte par laquelle il regardait la terrasse.

Elle traversa la pièce avec l'aisance d'une femme qui avait grandi dans le luxe et ne le remarquait plus, tenant sa présence pour acquise.

− Vous désirez voir ma fille ? demanda-t-elle. Puis-je savoir à quel sujet ?

− C'est assez personnel. J'aimerais autant lui en parler personnellement, si c'est possible.

Yvonne toisa le journaleux. De quel droit prétendait-il juger de ce qui était possible ou non dans sa maison ?

− Ma fille est très malade. Elle ne peut voir personne.

− C'est extrêmement dommage. J'ignorais...

Yvonne eut un sourire charmeur, pour compenser son attitude méprisante. Le mouvement lui avait échappé, et son visiteur s'en était aperçu. Inutile de se le mettre à dos. Après tout, cet homme était journaliste.

− Oui, nous évitons d'en faire état et je vous serais reconnaissante de ne pas le mentionner si vous projetez d'écrire un article... Sur quel sujet, au fait ?

− Ainsi que je vous le disais, j'aurais préféré en parler à madame Sonnelier, mais si elle est malade... Je pourrais revenir...

− Je crains que ce ne soit pas possible. Voyez-vous, ma fille est malade des nerfs depuis plusieurs années. Elle n'a pas supporté la perte de son mari. Le choc a été trop rude pour elle et elle a beaucoup de mal à émerger de sa dépression.

− Je vois... Regrettable, vraiment.

Yvonne sourit, en essayant de mettre de la chaleur dans ce sourire. Elle n'aimait pas cet homme. Que voulait-il en réalité ? Pourquoi désirait-il voir Pascale ? Pourquoi maintenant, justement ? Sa visite pouvait-elle être liée à la présence de cette femme en ville ? Mais non, voyons, c'était impossible.

− Mais je serais heureuse de répondre à sa place, poursuivit-elle. Si vous vouliez bien me poser les questions que vous aviez préparées pour elle... Je ferai de mon mieux. Au pire, je pourrai en discuter avec elle et vous apporter quelques précisions par la suite. Quel sera le sujet de votre article ?

− En fait, il s'agira d'une série d'articles sur les grandes familles de la région, et les Delalande - pardon, les Grancier-Delalande à présent - figurent parmi celles-ci ainsi que vous le savez. Tout comme les Sonnelier. Votre fille, qui se situe à la croisée de ces deux familles par sa naissance et son mariage, me paraissait l'interlocutrice idéale.

− Je vois.

Yvonne n'en croyait pas un mot. Cet homme ne savait pas mentir. Et il mentait.

Elle sentit une vague inquiétude la gagner. Quel but poursuivait-il réellement ? Elle devait en savoir plus. De tout temps, Yvonne avait su utiliser deux armes : l'argent et son charme. Elle était une belle femme et le savait. Elle savait également ce qu'elle voulait et ne doutait pas d'avoir un droit naturel à ce que ses désirs soient exaucés. Pourquoi aurait-elle reculé devant les moyens ?

Dans ce cas précis, l'argent ne lui servirait à rien. Pas encore. Elle opta pour le charme et sourit au fouineur.

− Voulez-vous vous

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