[Tarzan 03] tarzan et ses fauves by Edgar Rice Burroughs

Auteur:Edgar Rice Burroughs [Burroughs, Edgar Rice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Action & Aventure
Publié: 2012-03-24T09:36:21+00:00

12

Un Noir scélérat

Jane Clayton était revenue à elle. Elle voyait Anderssen penché sur elle et tenant le bébé dans ses bras. Ses yeux se posèrent sur lui avec une expression de peine et d’horreur, qui altérait ses traits.

— Qu’est-ce qu’y a ? demanda-t-il. Z’êtes malade ?

— Où est mon bébé ? cria-t-elle, ignorant ses questions.

Anderssen lui tendit le bébé potelé, mais elle hocha la tête.

— Ce n’est pas le mien, dit-elle. Vous saviez que ce n’était pas le mien. Vous êtes un monstre, comme le Russe.

Les yeux bleus d’Anderssen s’écarquillèrent de surprise.

— Pas l’vôt ! s’exclama-t-il. Vos m’disay le gamin à bord du Kincaid étay vot’ gamin !

— Pas celui-ci, répliqua Jane sourdement. L’autre. Où est l’autre ? Il devait y en avoir deux. Je ne sais rien de celui-ci.

— Y avay pas d’aut’ gamin. Ch’pensay c’étay l’vôt. Désolay.

Embarrassé, Anderssen dansait d’un pied sur l’autre. Jane se convainquit que ses protestations d’ignorance quant à la véritable identité de l’enfant étaient parfaitement honnêtes.

Le bébé commença à gazouiller et à gigoter dans les bras du Suédois, en tendant ses petits bras vers la jeune femme.

Elle ne put résister à cet appel et, en poussant un petit cri, elle sauta sur ses pieds et pressa l’enfant contre sa poitrine.

Pendant quelques minutes, elle pleura silencieusement, le visage caché dans les petits vêtements sales du bébé. Le choc reçu en s’apercevant que cette petite chose n’était pas son Jack bien-aimé faisait place, à présent, à l’espoir insensé qu’après tout, un miracle se fût produit : au dernier instant, avant que le Kincaid quitte l’Angleterre, son enfant à elle avait échappé aux griffes de Rokoff !

Et puis, il y avait l’appel de ce petit bébé abandonné sans amour au milieu des horreurs de la jungle sauvage. Cette pensée, plus que toute autre, toucha son cœur de mère, malgré la cruelle déception qu’elle venait d’éprouver.

— N’avez-vous donc aucune idée de l’identité de cet enfant ? demanda-t-elle à Anderssen.

— Non, dit-il. Si c’ey pas vot’gamin, ch’sais pas d’qui c’ey l’gamin. Rokov disay c’étay l’vôt. Ch’crois qu’y croyay ça, lui aussi. Qu’est-ce qu’on en fay, mayt’nant ? Ch’peux pas r’tourner au Kincaid. Rokov y’m tireray d’ssus. May vos povez y alley. J’vos amène à la mer, et là un d’ces nèg’ y vous amène au bateau. Hey ?

— Non ! Non ! cria Jane. Pour rien au monde ! Je préférerais mourir que retomber aux mains de cet homme. Non, continuons notre chemin et prenons cette pauvre petite créature avec nous. Si Dieu le veut, nous serons sauvés d’une façon ou d’une autre.

Ils reprirent donc leur route parmi ces étendues sauvages, accompagnés d’une demi-douzaine de Mosulas qui portaient leurs provisions et les tentes qu’Anderssen avaient dissimulées à bord du canot, lorsqu’il avait préparé leur évasion.

Les jours et les nuits de torture que la jeune femme avait soufferts se prolongèrent ainsi d’un long cauchemar où elle perdit bientôt toute notion du temps. Elle n’aurait pu dire s’ils marchaient depuis des jours ou des années. La seule éclaircie, dans cette éternité

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