T37- Les Portes de L’éternité by Auteur inconnu

T37- Les Portes de L’éternité by Auteur inconnu

Auteur:Auteur inconnu
Format: epub


CHAPITRE IX

— Franchement, je me demande bien ce qu’elle lui trouve, maugréa Spike en fixant son verre de whisky. On ne peut pas dire qu’il ait une conversation intéressante : la plupart du temps, il se contente de jouer les grands ténébreux muets. Les femmes n’ont vraiment pas de goût.

Le vampire promena un regard maussade à la ronde. Il n’avait même pas soif : il était venu là pour noyer dans l’alcool le chagrin d’avoir été rejeté par Buffy pour la millionième fois. Et, avec un peu de chance, pour dégoter d’autres renseignements sur Celina et remonter dans l’estime de la Tueuse.

L’Aquarium n’était pas l’un de ses endroits favoris. Chaque fois qu’il y mettait les pieds, il finissait par se battre avec quelqu’un - un petit malin qui cherchait visiblement à se faire refaire la gueule. A la longue, ça devenait lassant. Mais il n’était pas venu depuis six ou sept semaines, et la clientèle s’était peut-être renouvelée. A défaut, elle aurait sans doute des rumeurs fraîches à colporter.

— Tu comptes boire ça, ou juste jouer avec ? susurra une voix féminine derrière lui.

Spike tourna sur son tabouret...

... et se retrouva face à Celina.

Si son cœur avait encore fonctionné, il aurait manqué un battement, et pas à cause de la peur. Enfin, un peu à cause de la peur, mais pas seulement. Cette femme était diablement séduisante. L’espace d’une seconde embarrassante, Spike fut réduit au silence comme un adolescent acnéique.

Au Bronze, il l’avait observée d’assez loin, et ne s’était pas aperçu à quel point elle était séduisante. Il n’avait pas assez distingué ses traits pour que la lumière se fasse dans son esprit. A présent qu’elle était tout près de lui, la vue de son visage fit remonter à la surface des souvenirs depuis longtemps enfouis...

Madame Rillette.

En quelle année était-ce, déjà ? 1900 ? 1890 ? Spike ne s’en rappelle plus, et ça n’a pas vraiment d'importance.

Vu de l’extérieur, ce n’est qu’un bâtiment décrépit parmi tant d’autres, dans une rue pleine de poussière, de carrosses et d’excréments de chevaux, de passants, de mendiants et de torrents de boue aux endroits où les propriétaires des boutiques ont renversé des seaux d’eau et de détritus le long du trottoir de planches.

Il n’a pas vu la lumière du jour depuis ce qui lui semble une éternité, mais il s’en souvient. Et il a du mal à croire que le soleil éclaire autre chose que des immondices dans cette petite ville crasseuse, au tournant d’un nouveau siècle.

Pourtant, il a entendu parler de cet endroit. Il a besoin de se distraire : Drusilla est partie de son côté en début de soirée, et Dieu seul sait ce qu’elle avait l'intention de faire. Parfois, elle ne tient plus en place et préfère être seule pour s’abandonner aux idées démentes qui tourbillonnent dans sa ravissante petite tête brune.

Plutôt que d’affronter son courroux, Spike préfère la laisser partir et attendre qu’elle revienne apaisée. Evidemment, quand le chat n ’est pas là, les souris dansent. D’où la raison de sa présence ici.



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